Remonter sur un plateau de théâtre la pièce emblématique de Georges Feydeau, créée en 1894, « l’Hôtel du libre-échange » tient
de la gageure, tant à première vue, elle paraît totalement démodée,
ridiculisant les mœurs de la bourgeoisie de l’époque, Feydeau ayant fortement
appuyé sur les travers du masculinisme (mot à la mode). Stanislas Nordey, que l’on n’a pas l’habitude de voir mettre en
scène des pièces comiques, et du Feydeau en particulier, s’y est essayé. Il
semble d’ailleurs explorer des domaines qui lui étaient inconnus quelques
années auparavant : n’a-t-il pas adapté le roman de Christine Angot, « Voyage
dans l’est » ainsi que « Qui
a tué mon père » d’Edouard Louis,
options créatives nouvelles pour lui.
« L’Hôtel du
libre-échange », créé à la MC2 de Grenoble, et aujourd’hui présenté à
l’Odéon, est un franc succès, le metteur en scène ayant su adroitement faire
glisser les différences scènes, les entrées et sorties, les répliques
saillantes où le public est en joie, aidé en cela par une équipe haut de gamme
d’actrices et d’acteurs, à la voix haut perchée, sans micro HF, ce qui par les
temps qui courent devient assez rare.
Il est vrai qu’il est aidé par une équipe d’artistes qu’il
connaît bien : Hélène Alexandridis
dans le rôle d’Angélique Pinglet avec
qui il a partagé le plateau de « Quartett »
mis en scène par Jacques Vincey alors
Directeur du CDN de Tours ; Pinglet,
le mari, c’est le remarquable Cyril
Bothorel, dont le physique lui permet de dominer tout son monde ; en
face, Claude Duparfait est un Paillardin un peu benêt face à son
épouse dans les traits de Marie Cariès,
qui ne sait pas trop si elle doit tromper son mari ou non ; Raoul Fernandez, créateur des costumes,
incarne un Bastien étudiant la philosophie, adorable dans son apprentissage de la sexualité ; quant à Laurent Ziserman, il est Mathieu, l'ami de Valenciennes, absolument fabuleux avec son
bégaiement et ses quatre filles ; enfin citons l’adorable Anaïs
Muller, Victoire la bonne et sa voix qui doit faire trembler les murs de
l’Odéon.
Le choix de transformer les personnages arrivant à l’hôtel
en des sortes de poules, recouvertes de plumes blanches, est des plus
audacieux. Il accentue le côté burlesque de cette parodie, ces personnages qui,
si on ne retrouve pas leurs sosies dans le monde actuel, n’ont sans doute rien
à envier en matière de tromperies toutes catégories, à certains individus très
publics qui occupent les écrans de télé. Ainsi va le monde !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.