dimanche 4 mai 2025

Prélude à la chute en Roumanie sur les écrans


Les longs métrages en provenance de la Roumanie sont toujours d’excellents films. Pensons à « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » de Cristian Mungiu, Palme d’Or en 2007.   Il en va ainsi de « Ce nouvel an qui n’est jamais arrivé », de Bogdan Mureşanu, dont c’est le premier film. Présenté à Cannes, il pouvait légitimement concourir pour la Caméra d’or, tant il s’avère des plus singuliers, sortant des sentiers battus et remarquablement interprété. Il retrace sur le mode fictionnel, les derniers jours de la période Ceaușescu, en décembre 1989.

Période historique fondamentale pour ce pays, mais qui recèle de nombreuses interrogations, que ce soit concernant les faits déclencheurs des évènements de Timisoara, pour lesquels les médias occidentaux ont fait preuve d’une des plus grandes manipulations de l’histoire du journalisme. De même concernant des fusillades dans la ville de Bucarest comme de l’exécution de Ceausescu et de son épouse.

Mais revenons au film de Bogdan Mureşanu. Il met en scène différents acteurs et actrices de cette semaine historique : deux jeunes voulant fuir le pays ; un ouvrier, son épouse et son fils, lequel a envoyé sa lettre au père noël ; une femme âgée qui doit quitter sa maison natale, le quartier allant être rasé, et que le fils reloge en appartement ; mais surtout, un groupe de techniciens de la télévision chargés de créer un petit film pour le nouvel an, vantant les mérites du chef de l’état. Et c’est là que les choses vont dérailler. Allégorie de la chute du système Ceausescu.

Sur fond musical du Boléro de Ravel, qu’on distingue à peine au début et qui ira en s’amplifiant jusqu’au final, les petites scènes se succèdent en s’intégrant parfaitement les unes aux autres, remarquable travail au montage. On passe de l’une à l’autre, parfois sans s’en apercevoir. Et puis, il y a cette histoire de lettre au père noël, envoyée par l’enfant, que la police découvrira fatalement, et qui dénonce le père souhaitant la mort de Nico (Ceausescu), ce qui le rend fou furieux, se voyant déjà jeté en prison. On pense inévitablement à cette scène, « le mouchard », de « Grand- peur et misère du IIIème Reich » de Brecht.

Au final, on entre dans l’histoire quand les faits réels sont, soit recréés, tel ce rassemblement d’ouvriers voulu par le régime et se transformant en scène d’émeute, soit présentés avec des images d’archives. Un dernier portrait montre le visage de cet ouvrier qu’on sent partagé en divers sentiments : celui de voir la révolution s’engager et lui-même ne plus redouter la police, ou celui d’aspirer à un autre régime autoritaire, et il l’est assurément au sein de son foyer, celui de l’extrême-droite qui aujourd’hui est aux portes du pouvoir en Roumanie ? On reparlera de Bogdan Mureşanu.

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