La dernière création du Munstrum Théâtre, basé à Mulhouse, « Makbeth », s’inspire certes de la dernière tragédie de Shakespeare publiée en 1623, donc après la mort de l’auteur disparu en 1616, mais n’est pas une adaptation même très décalée de l’œuvre du dramaturge anglais. Il s’agit, certes en s’inspirant du texte shakespearien, d’un réquisitoire contre les guerres, les génocides, les meurtres et les viols qui vont avec. D’ailleurs pour celles et ceux qui en douteraient, la feuille de salle distribuée à l’entrée, évoque les catastrophes humanitaires qui ont lieu actuellement à Gaza, en Ukraine, au Congo et au Soudan. Quant à la note d’intention de Louis Arene, le metteur en scène, elle est d’une clarté limpide : « Nous montons Makbeth car la douleur et l’enfer de ce monde (sont) inacceptable(s) ».
Certes, on retrouve sur le plateau, Macbeth et son épouse,
elle dans le corps d’un homme, une simple robe autour de la taille quand ce
n’est pas carrément une tente de bivouac qu’elle traîne derrière elle. Quant au
roi Duncan au ventre monstrueux, il se traîne dans un fauteuil, et déclare
« Ah ! on a perdu »,
puis corrigeant « Oh ! on a
gagné », pour dire que peu importe qui gagne ou qui perd une bataille,
le peuple est toujours perdant dans l’affaire, règle absolue qui ne souffre
aucune exception.
Certains personnages de la pièce de Shakespeare ont disparu, telles les trois sorcières au profit d’une ombre sortie des entrailles de la terre prédisant à Macbeth son avenir, à l’exception de l’affaire de la forêt de Birnam dont il ne sera jamais question. D’autres relèvent de l’imagination du Munstrum, le fou du roi, virevoltant, multipliant les pirouettes, et au final tuant Macbeth tout dégoulinant d’hémoglobine.
Le Munstrum, et c’est là sa marque de fabrique, met sur le
plateau, des personnages masqués, parfois monstrueux, à l’énergie débordante, sortis
tout droit de l’imagination de la troupe, Louis
Arene et Lionel Lingelser à la conception. Ici, on force le trait, et
puisqu’il est question de condamner les guerres, les meurtres, ceux-ci sont
légion sur scène, avec jets impressionnants d’hémoglobine. Le Munstrum ne fait
pas dans le détail. Comme le prologue avec une débauche d’explosions, de fumée
venant de droite et de gauche, voire des cintres, on se tue, on s’extermine sur
le plateau, soldats dont on hésite à dire s’ils sont tout droit venus du 11ème
siècle, ou du nôtre.
En font-ils trop ? On peut le penser, mais c’est le choix
assumé du Munstrum qui joue complet au Théâtre du Rond-Point durant 16
représentations.


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