Totalement ignorée des metteurs en scène, mais traduite récemment par Jean-Michel Déprats et Jean-Pierre Vincent, Cédric Gourmelon, Directeur du CDN de Béthune, a choisi de la créer en octobre dernier dans son théâtre, en première française. La pièce était de passage fin novembre au théâtre Olympia, CDN de Tours. Une première shakespearienne, ça ne se manque pas !
Sur le plateau, un mur imitation contre-plaqué, qui
s’ouvrira, soit pour une porte, soit en grand bien plus tard, pour représenter
une bataille. La pièce se divise en deux parties bien distinctes, n’ayant aucun
rapport entre elles si ce n’est la présence du roi Edouard, pivot de la pièce,
et aux styles littéraires aux antipodes l’un de l’autre. Ce qui m’amène à
penser que cette pièce a probablement été écrite par deux auteurs. Quant à
Shakespeare, et même si les anglais affirment qu’il en est l’auteur, beaucoup
se doutent qu’il n’était qu’un prête-nom, rapport à la somme des œuvres qu’il a
laissées.
La première partie est une pièce hautement féministe :
Edouard s’éprend d’une comtesse et souhaite la mettre dans son lit. Mais elle
refuse. Ni les ruses, ni les stratagèmes utilisés par le roi, ne viendront à
bout de la résistance de la comtesse. Et tout roi qu’il était, il doit s’avouer
vaincu. Long poème magnifique ! Il ne serait pas surprenant qu’il soit
l’œuvre d’une autrice.
La seconde partie est tout autre. Le roi Edouard, à la tête de son armée, est maintenant de ce côté de la Manche, revendiquant la couronne française, mais en réalité, son but étant de piller les villes françaises, c’est ce qu’il fera avec son fils dit le Prince Noir, lequel mettra à feu et à sang le sud-ouest, du Languedoc au Berry. Mais de ceci, on ne parlera pas. On raconte une bataille navale, puis celle de Crécy, l’épisode des bourgeois de Calais, ainsi que Poitiers où le Prince Noir écrase l’armée de Jean II le Bon. Le roi et son fils sont présentés dans cette pièce nantis de toutes les vertus, tandis que les français sont ici totalement ridiculisés, avant perdu la bataille de Poitiers en raison d’une prophétie parlant d’un vol de corbeaux. Les historiens apprécieront. Shakespeare aurait-il pu écrire cela ?
Malgré les distorsions historiques, Cédric Gourmelon réussit son pari de donner vie à ces deux pièces
en une seule, avec une équipe de dix acteurs et actrices. On retiendra surtout
dans la première partie, Fanny Kervarec
en Comtesse de Salisbury et Vincent
Guédon dans le rôle d’Edouard III, dans un duel littéraire de haute tenue.
Deux heures cinquante de spectacle (+ un entracte de 20 min) et des comédiens,
comédiennes très investis dans leurs rôles multiples. Mais le spectacle reste
très éloigné des grandes épopées shakespeariennes.


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