mardi 12 mars 2019

Deux yeux noirs qui interrogent l'avenir de la Chine

Dernier film en compétition au Festival de Cannes qu’on n’avait pas encore vu sur les écrans, « Les Eternels », du chinois Jia Zhang-ke, dont les deux précédents, « Au-delà des montagnes » et « A touch of sin » nous avaient éblouis.

Les Eternels, au travers des péripéties relationnelles entre un homme et une femme, nous présente l’évolution industrielle de la Chine, et Jia Zhang-ke ne prend pas de pincettes. Film sociétal d’abord, avant d’être un film sur l’humain. La première séquence se déroule dans un bus qui transporte des ouvriers fatigués. Un tout petit enfant dort, puis se réveille, et observe de ses yeux noirs. Que nous disent-ils ? Sans doute s’interrogent-ils sur le devenir de cet immense pays, où certains sont devenus milliardaires pendant que la grande masse du peuple des campagnes continue à vivre dans la pauvreté. Quel avenir aura-t-il sur cette planète livrée au pillage des ressources et au réchauffement climatique ?

Le film s’étalant sur près d’une vingtaine d’années, on voit les TGV supplanter les vieux trains brinquebalant, les centrales nucléaires remplacer les mines de charbon, mais aussi l’engloutissement d’une vallée au profit d’un immense barrage. Le réalisateur joue aussi sur les oppositions, entre la technique médicale ancestrale qu’est l’acupuncture, et l’usage des smartphones avec leurs applis les plus récentes.

Bin et Qiao semblent s’aimer. Du moins, c’est vrai pour la fille, Qiao, mais pour le garçon, Bin, on ne sait trop. Bin est un chef de gang, il règne sur la ville. Un gang rival tente de prendre sa place. Qiao lui sauve la peau, mais elle en prend pour cinq ans. « Le cours du destin peut changer brutalement », nous dit l’un d’eux. A la sortie de prison, Bin l’a oubliée, pas elle. Elle replonge dans la pègre, lui non, quoique… Mais aucun n’émergera vraiment de cette société que Jia Zhang-ke estime décadente.

Qiao, c’est la merveilleuse Zhao Tao, déjà dans les deux films précédents de Jia Zhang-ke cités plus haut, et dont on se demande pourquoi elle n’a pas encore reçu de prix dans un des grands festivals ; Bin, c’est Liao Fan qu’on découvre. Deux acteurs dignes du cinéma de Jia Zhang-ke, un des plus grands du cinéma chinois, voire asiatique.

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