Quand on veut dénoncer une société corrompue dans toutes ses strates, on peut choisir la charge violente, politique, laquelle ne peut revendiquer le plus souvent, la beauté artistique. Les deux réalisateurs bulgares, Kristina Grozeva et Petar Valchanov, ont choisi la fable, un peu côté OVNI cinématographique, ce qui n’est jamais simple.
Le film "Glory" démarre sec avec deux exemples de corruption : une histoire de wagons neufs revendus à vil prix contre le rachat au même tarif de wagons usagés. Il y en a qui s’en mettent forcément plein les poches. Peu après, on découvre des individus volant le fuel des locomotives.
Un brave homme, mi-cantonnier, mi-cheminot, est chargé de vérifier si les boulons des voies ferrées sont correctement serrés. Sur son chemin, il découvre une quantité astronomique de grosses coupures : son honnêteté lui commande de prévenir la police. On lui fait alors les honneurs en organisant une réception et lui délivrant un diplôme, ce qui aura l’éminent avantage de faire oublier au bon peuple, l’affaire des wagons. Mais une histoire de montre va faire dérailler le beau scénario imaginé par une responsable des relations publique du Ministère.
Les deux réalisateurs ont construit leur film sur le modèle de la fable : le cantonnier, particulièrement bègue, fait rire, c’est inévitable même si on sait qu’on ne rit pas des handicaps des autres. Lentement, le rire s’espace et cède la place au drame. Stefan Denolyubov est impeccable dans le rôle du cantonnier, à la barbe non taillée, élevant des lapins. Souvent, caméra à l’épaule au plus près de l’acteur, les réalisateurs nous plongent au sein même de cette fable en nous évitant d’être des spectateurs passifs.
Étonnant film bulgare, nanti de 18 prix dans de moindres festivals venant d’un pays dont la production cinématographique n’est pas dithyrambique, loin de là !
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