vendredi 5 octobre 2018

Histoires de femmes


« Après Coups, Projet Un-Femme, Diptyque », titre à rallonge pour un spectacle éblouissant que nous offre Séverine Chavrier pour l’ouverture de la saison au CDN d’Orléans.

Elles sont cinq, formées aux arts du spectacle, circassiennes, danseuses, comédiennes… Originaires de 5 pays différents, elles racontent par bribes, des souvenirs de leur jeunesse. Le spectateur ne comprend pas tout, on pioche des mots, des phrases dans un souffle, mais on découvre leur joie de vivre dans un monde souvent fait de souffrances.

En première partie du diptyque, deux femmes venant d’Argentine et de Russie. L’une nous parle des disparitions, enlèvements d’enfants, du foot aussi avec un maillot de son pays. L’autre de Tchernobyl, de la vie en Russie, des difficultés de dire son désaccord. La chorégraphie est des plus ingénieuse, il y a des moments d’une force particulière, telle l’argentine disparaissant dans des boîtes en carton, un pied, une tête, un bras réapparaissant par magie quelque part.

En seconde partie, trois femmes nées au Danemark, en Palestine et au Cambodge. Nous les avions vu l’année passée : depuis, le spectacle a été raccourci, retravaillé… Il en ressort quelque chose de nettement mieux construit, de plus ramassé, de plus concis, dans un « livret » où domine maintenant la situation en Palestine. Au final, des détritus s’abattent sur le plateau venant d’un filet tendu au-dessus de la scène, symbolisant les ordures que jettent par leurs fenêtres les colons israéliens dans les rues des villages arabes.

Cette seconde partie est esthétiquement belle, par le jeu des lumières, les performances des 3 comédiennes/circassiennes, l’utilisation qu’elles font des accessoires sur scène (pneus, couvertures de survie, gants de boxe, masques…). (lire ici ma critique de l’année dernière)

Il s’agit d’un art nouveau auquel certains metteurs en scène ont recours actuellement, qui ne s’inscrit dans aucune catégorie, mais qui est à la confluence du cirque, du théâtre, de la danse. Sans doute, certains spectateurs n’adhèrent pas, mais il suffit de se laisser porter, d’ouvrir ses yeux et ses oreilles pour aimer…

Pour une ouverture de saison au CDN, on en redemande !

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