mercredi 10 octobre 2018

Batailles à l'entreprise, au sein du couple, dans la vie...

Guillaume Senez, jeune réalisateur belge, nous propose « Nos Batailles », long métrage réunissant un trio d’acteurs français haut de gamme, Romain Duris, Laeticia Dosch et l’orléanaise Laure Calamy. Soit un couple, chacun des deux a un emploi, deux enfants, un garçon et une fille. Couple modèle qui doit réjouir la Manif pour tous. L’épouse, au comble de la dépression choisit de partir avec armes et bagages, sans laisser la moindre trace. L’homme se retrouve ainsi seul avec ses deux enfants encore bien jeunes, son boulot, ses activités syndicales et le reste. Eh oui, un couple modèle peut imploser !

Bon, Olivier n’est pas tout seul, il y a sa mère, sa sœur intermittente du spectacle qui débarque, une collègue militante qui à l’occasion peut le consoler. Car il a bien besoin de réconfort !

Senez nous plonge dans la société actuelle avec ses difficultés liées à la vie, une entreprise où les rapports sociaux se tendent, les salariés en faisant les frais : un collègue qu’on licencie parce qu’il ne parvient pas à suivre les cadences et qui tente le suicide, ces cadences qui s’accélèrent, les heures sup imposées, la RH qui licencie avant de se faire elle-même virer, la tentative de débauchage du militant syndical qu’est Olivier de la part de la direction… Senez décrit très finement les maux de la société où les retrouvailles de la famille le soir à la maison se font à une heure tardive, quand elles se font…

Puis il y a le syndicat, non référencé, et c’est là que le scénario devient vraiment bancal. Certains réalisateurs vont s’informer comment cela fonctionne, tel Stéphane Brizé avec « En guerre », d’autres non et basculent dans le n’importe quoi. Ici, on offre un emploi de permanent syndical à Olivier, comme un boulot ordinaire, à Toulouse qui ne semble pas tout près, comme on lui proposerait un poste de directeur commercial ou de peintre... Comme si on ne savait pas qu’un permanent syndical, ça fait 60 heures par semaine ou plus, qu’il n’est plus guère à la maison, que le salaire est ce qu’il est, c'est-à-dire bien maigre, rien de ce dont Olivier a besoin. Mais il y court ! Absurde, et c’est bien dommage pour le film.

Ceci mentionné, on se régale de l’interprétation parfaite des acteurs, jusqu’au petit Basile dans le rôle du garçon du couple. Un Romain Duris en père trop pris par son boulot, puis attentionné avec ses mômes, pouvant péter un câble de par la tension qui monte en lui ; une Laeticia Dosch en intermittente et sœur d’Olivier, fantastique dans son rôle ; et une Laure Calamy, rebelle et aguichante.

Ajoutons une direction d’acteurs remarquable, enfin une caméra qui semble se balader au mieux à travers les personnages, notamment lorsqu’elle filme la discussion très vive entre frère et sœur, allant de l’un à l’autre : une merveille de la directrice de la photographie, Elin Kirschfink, dont on reparlera.

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