dimanche 19 août 2018

Drame shakespearien sous une cruelle métaphore

Le cinéma islandais ne nous déçoit jamais. Le chef d’œuvre « Woman at war » étant encore en salles, débarque cette semaine « Under the Tree » du réalisateur Hafsteinn Sigurðsson. S’il n’atteint pas les sommets de l’art cinématographique, on pourrait aisément classer « Under the Tree » dans la catégorie des drames shakespeariens, à la fois par les histoires qui s’entrecroisent, la montée des haines et la fin sanglante.

Deux maisons individuelles dans une banlieue calme sont séparées par de petits jardinets. Dans l’une d’elle, un couple, lui récemment divorcé, elle remplaçant l’autre, adepte du vélo, du bronzage et adorant le berger allemand de la maison. Dans l’autre, un couple âgé, elle ne supportant pas l’arrivée de la jeune et jolie demoiselle, vivant sur le souvenir d’un fils aîné récemment suicidé, lui chantant dans une chorale. Survient le second fils, mal aimé de la mère, lequel vient de se faire éjecter par sa compagne, le suspectant d’adultère, laissant une petite fille chez son ex. On ajoutera une réunion des colocataires de l’immeuble où vit le jeune couple et la petite fille, certains se plaignant d’un autre jeune couple qui anime les nuits de l’immeuble en faisant l’amour. Vous suivez ?

Au départ, il y a un arbre majestueux dans le jardin des deux vieux, lequel fait de l’ombre dans le jardinet voisin où bronze la jolie dame. Sera-t-il élagué ? Lui veut bien, mais elle, dont les ressentiments bouillonnent, refuse obstinément. Les haines vont alors croître jusqu’au drame final. La réussite du film tient essentiellement à cette montée des haines qui habitent chacun, sans qu’on puisse arrêter le bolide qui déferle vers le mur.

On pense alors inévitablement aux conflits qui perdurent ça et là dans le monde, sans qu’on puisse se souvenir de l’élément déclencheur. Cruelle métaphore que ce long métrage décrit avec ironie, quelques répliques sanglantes des uns ou des autres venant faire sourire le spectateur, tel le vieux s’adressant à sa vieille épouse, toute ridée, sous son regard méprisant, en évoquant la beauté de la jeune voisine. La dernière image montre que tout cela n’en valait pas la peine. Les deux familles sont exsangues, tels deux pays au sortir d’une guerre fratricide.

1 commentaire:

  1. Un film tourné en lumière naturelle semble t-il; ce qui suppose une haute performance technique pour un scénario qui se déroule entre deux pavillons mitoyens.
    Tout semble banal un couple se défait, puis un événement en appelle un autre... On s’attache peu à peu à quelques personnages… puis, des basculements s’opèrent à partir de futilités apparemment anodines : prévisibles ou non, ridicules, dramatiques, jusqu’à leurs paroxysmes.
    Un thriller où se déchaîne une folie contagieuse, trouvant sa source dans les fêlures de la vie des personnages.
    Le réalisateur nous interroge. A partir de quel moment bascule-t-on dans la folie ? Sommes-nous de potentiels fous qui s’ignorent ?

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