mardi 1 août 2017

De l'art de l'éducation

Carla Simon Pipó, jeune cinéaste catalane, a présenté lors de la dernière Berlinale, « Été 93 », qui lui valut d’ailleurs le Prix du meilleur premier film, récit autobiographique d’après ses souvenirs.

Une femme vient de mourir, on se doute d’après les non-dits qu’il s’agit du Sida, on en aura la certitude au détour d’un jeu enfantin. Sa fille, Frida, 6/7 ans, est confiée à l’oncle et à sa compagne. Elle se retrouve alors dans une grande bâtisse, au milieu de la nature semi montagneuse de la Catalogne, avec une autre petite fille, sa cousine Anna, 4 ans. C’est l’été.

Le film repose sur le thème des règles que l’on doit inculquer à une jeune enfant lorsqu’on n’est pas les parents biologiques. Faut-il se montrer sévère, ou au contraire accepter les caprices de l’enfant ? Les deux nouveaux parents s’interrogent, dans un sens, puis dans un autre, au risque de détruire le couple. Piège que la réalisatrice a su gérer très finement, dans un espace restreint, la caméra suivant au plus près les deux petites, Anna encore bébé, Frida la plus grande apparaissant beaucoup plus mâture, mais toutes deux adorables.

Certaines scènes apparaissent très marquantes, telle celle où Frida joue à la maman, maquillage, lunettes de soleil et bottes, ou bien lorsqu’elle perd sciemment la petite dans la forêt près d’une rivière. Il y a aussi les grands-parents de Frida et d’Anna venus rendre visite en compagnie d’une autre tante, au handicap physique, et dont les liens avec Frida semblent très forts.

Carla Simon a su très intelligemment, cerner tous les ingrédients de la problématique familiale, sans tomber ni dans le pathos, ni dans la tragédie. Sans doute parce qu’elle a vécu elle-même le drame de la perte de la mère et son arrivée dans une seconde famille. Mais tout n’est jamais simple, ni résolu une fois pour toutes, comme nous le montre la dernière scène où Frida pleure toutes les larmes de son corps sans que quelqu’un sache pourquoi.

Un très beau film, tourné il me semble en catalan, tout en impressions, du très beau travail cinématographique ! Et surtout un magnifique traité sur l'éducation des jeunes enfants.

1 commentaire:

  1. Etre orphelin enfant est difficile à vivre mais se faire adopter même par son oncle, sa tante et la cousine plus jeune n'a rien d'évident. Effectivement, comme tu le dis tous les aspects des enjeux de cet accueil sont abordés avec tact: le couple, la place de l'enfant et son histoire de vie dans cette nouvelle famille tout en voulant lui donner des repères éducatifs.
    En outre, l'acceptation de l'enfant dans le village n'est pas si aisée lorsque les adultes apprennent la cause du décès des parents.
    La dernière scène m'a émue aux larmes ( sans doute cela fait –il écho en moi), car si Frida a réussi son intégration familiale avec des parents qui l'aiment, elle n'oubliera pas pour autant son histoire avec laquelle elle devra vivre toute sa vie.
    Les deux jeunes actrices sont formidables et émouvantes !

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