Ouverture de la nouvelle saison du CDN d’Orléans, et première programmation de la nouvelle Directrice du CDN, Emilie Rousset, avec la création en 2024, au théâtre du Nord de Lille, de « Woke », écrit à quatre mains et mis en scène par Virginie Despentes sur une scénographie de David Bobée, Directeur du CDN de Lille, et de Léa Jézéquel.
Une grande table au centre du plateau autour de laquelle naviguent 4 acteurs et actrices, manifestement les décalques des 4 auteurs et autrices. On est un peu au début de la pièce de Pirandello et ses « six personnages en quête d’auteur ». Ici, les 4 sont chargés d’écrire une pièce, chacun avance ses idées qui déplaisent aux autres. On avancera cahin-caha, d’autant qu’ils ont conscience d’être payés par le théâtre public, donc avec l’argent de l’état. On s’interroge sur l’utilisation du terme « racisé », on alterne les dialogues en groupes et les monologues en bord de plateau.
Survient, sans doute pas dans l’ordre chronologique, le
nouveau directeur du théâtre peu ou prou scandalisé par ce qu’écrivent (ou pas)
les 4. Lui préfèrerait des danses folkloriques. C’est un peu la situation au
théâtre d’Orléans avec deux structures aux programmations souvent opposées. Une
poignée de journalistes de droite déboulera à deux reprises, les agressant à
coup de questions hurlées.
Alors apparaissent sur le plateau, les personnages (pas ceux
de Pirandello, non, non) imaginés par les 4, dans des costumes queer,
totalement loufoques, l’un traînant une grande queue derrière lui, et même une
drag-queen gigantesque (Soa de Muse)
fort élégante. Mais le moment le plus émouvant est l’apparition du fantôme de
la mère de Juliette (Clara Ponsot), toutes
deux s’interrogeant sur ce qu’on aurait dû faire, ce que l’on doit et peut faire
maintenant afin de sauver la planète ravagée par les ultrariches.
Au final, quatre grandes lettres descendent des cintres, « WOKE », toutes et tous faisant la fête, le public partageant. Ce mot désignant celles et ceux qui ouvrent les yeux sur le monde, qui dénoncent tout le côté exécrable de nos sociétés, du masculinisme au génocide, mot craché par la droite et l’extrême-droite qui ont peur que la jeunesse ne se lève pour les chasser de leur privilèges, mot insulte éructant de leurs bouches, mot fierté dans celle de cette jeunesse révoltée.
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