« Berlinguer – la grande ambition », film de Andrea Segre, est exceptionnel à plusieurs titres. D’abord, il plonge le spectateur (septuagénaire au minimum) au sein d’une période qu’il a connue, pleine d’espérance pour les militants communistes des années 70, dans le Chili d’Allende et de Neruda (on sait comment l’expérience sociale s’est terminée tragiquement), en Italie ensuite (on y revient), puis en France avec l’élection de Mitterrand en 1981 (mais le film n’y fait pas référence).
Andrea Segre
intercale fort adroitement, à raison de 50/50, les images d’archives (il en
avait 400 heures à sa disposition) et celles de fiction, mais sans doute fort
proches de la réalité, avec un acteur, Elio
Germano dans le rôle de Berlinguer, tout à fait formidable à l’écran. On
voit Berlinguer/Germano dans sa famille, son épouse, ses enfants alors jeunes
ados, les questionnements de sa famille, les réponses qu’il leur apporte.
Enrico Berlinguer
était Secrétaire Général du Parti Communiste Italien (PCI), élu en 1972. Il fait
prendre à son parti, une indépendance réelle avec l’Union Soviétique, et craint
par-dessus tout, si le PCI accède au Pouvoir en Italie, un coup d’état fomenté
par la CIA comme au Chili en 1973. C’est pour cela qu’il propose à la
Démocratie Chrétienne, parti de Droite, un « compromis historique », un gouvernement partagé sur un
programme partagé. Berlinguer rencontre secrètement Aldo Moro en janvier et en février 1978. En mars, Aldo Moro est
enlevé et assassiné 52 jours plus tard par les Brigades Rouges, dirigées par ce
que de nombreux analystes politiques pensent sans preuves formelles, être un
agent de la CIA.
Le film met en parallèle, d’une part au tout début, le coup
d’état au Chili en 1973, et au final la mort d’Aldo Moro, qui entraîna celle de
Berlinguer, à la fois politiquement et physiquement en 1984 comme le dit Andrea
Segre, et 10 années plus tard, celle du PCI, transformé aujourd’hui en un parti
peu ou prou macroniste, si la comparaison a un sens.
On pourra simplement regretter que le film s’arrête aux
obsèques de Berlinguer, avec cette foule énorme et ces intellectuels et
politiques présents. On eut aimé des images des manifestations monstres de la
jeunesse d’aujourd’hui en Italie en faveur de Gaza ou du climat, un espoir hors
des partis politiques corrompus. Mais ceci est une autre histoire.
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