jeudi 9 octobre 2025

Plongée dans l'histoire communiste italienne


« Berlinguer – la grande ambition », film de Andrea Segre, est exceptionnel à plusieurs titres. D’abord, il plonge le spectateur (septuagénaire au minimum) au sein d’une période qu’il a connue, pleine d’espérance pour les militants communistes des années 70, dans le Chili d’Allende et de Neruda (on sait comment l’expérience sociale s’est terminée tragiquement), en Italie ensuite (on y revient), puis en France avec l’élection de Mitterrand en 1981 (mais le film n’y fait pas référence).

Andrea Segre intercale fort adroitement, à raison de 50/50, les images d’archives (il en avait 400 heures à sa disposition) et celles de fiction, mais sans doute fort proches de la réalité, avec un acteur, Elio Germano dans le rôle de Berlinguer, tout à fait formidable à l’écran. On voit Berlinguer/Germano dans sa famille, son épouse, ses enfants alors jeunes ados, les questionnements de sa famille, les réponses qu’il leur apporte.

 Enrico Berlinguer était Secrétaire Général du Parti Communiste Italien (PCI), élu en 1972. Il fait prendre à son parti, une indépendance réelle avec l’Union Soviétique, et craint par-dessus tout, si le PCI accède au Pouvoir en Italie, un coup d’état fomenté par la CIA comme au Chili en 1973. C’est pour cela qu’il propose à la Démocratie Chrétienne, parti de Droite, un « compromis historique », un gouvernement partagé sur un programme partagé. Berlinguer rencontre secrètement Aldo Moro en janvier et en février 1978. En mars, Aldo Moro est enlevé et assassiné 52 jours plus tard par les Brigades Rouges, dirigées par ce que de nombreux analystes politiques pensent sans preuves formelles, être un agent de la CIA.

Le film met en parallèle, d’une part au tout début, le coup d’état au Chili en 1973, et au final la mort d’Aldo Moro, qui entraîna celle de Berlinguer, à la fois politiquement et physiquement en 1984 comme le dit Andrea Segre, et 10 années plus tard, celle du PCI, transformé aujourd’hui en un parti peu ou prou macroniste, si la comparaison a un sens.

On pourra simplement regretter que le film s’arrête aux obsèques de Berlinguer, avec cette foule énorme et ces intellectuels et politiques présents. On eut aimé des images des manifestations monstres de la jeunesse d’aujourd’hui en Italie en faveur de Gaza ou du climat, un espoir hors des partis politiques corrompus. Mais ceci est une autre histoire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.