mercredi 15 mars 2023

Le féminisme en 1935, chez Ozon

Nouveau long métrage de François Ozon, « Mon crime », que j’ai beaucoup apprécié. En 1935, deux copines se partagent un petit studio au 6ème étage. Plus d’argent pour payer le loyer. L’une, Madeleine, est jeune actrice et cherche des contrats. L’autre est avocate. Suite à un rendez-vous qui se termine par des cris, la première est accusée d’avoir assassiné un producteur. Elle nie, mais bientôt s’accuse, flairant la possibilité de réaliser un bon coup de pub, faire le buzz quoi, comme on dit aujourd’hui. Et grâce au talent oratoire de la copine, ça marche ! Acquittée, car on acquittait  à cette époque. Sauf que la vraie meurtrière (Isabelle Huppert flamboyante) veut qu’on partage les gains.

Recette pour réaliser un excellent film français : recruter une équipe d’acteurs et actrices, plus très jeunes déjà, en haut de l’affiche (Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier, Michel Fau, Daniel Prévost), excusez du peu, on ajoute quelques pincées de jeunes talents, Rebecca Marder, Edouard Sulpice, Suzanne de Baecque bien connue au CDN d’Orléans puisqu’elle a créé et joué « Tenir Debout » cette saison, et surtout Nadia Tereszkiewicz au talent formidable qu’on avait découverte à l’automne dans le film maudit « les Amandiers ».

 Beaucoup d’humour, à la pelle même, un discours féministe d’aujourd’hui même si l’action a lieu en 1935, une excellente direction d’acteurs, des magnifiques costumes, beaucoup de clins d’œil à des films ou réalisateurs d’avant-guerre, des faits divers rapportés de l’époque, le talent de François Ozon, et le succès est garanti ! Les salles se remplissent.

On nous objectera que mettre en scène deux jeunes femmes, une actrice et une avocate, qui se complaisent dans le mensonge, la rouerie, ça pose problème quand on veut parler féminisme. Mais à l’époque, les voir atteindre le luxe en se faufilant à travers la société patriarcale, machiste, chapeau mesdemoiselles, je vous salue !

Quant à François Ozon, il a le mérite de ne pas se répéter, mais à chaque fois de varier le thème de son film, les ingrédients, l’époque… « 8 femmes » avec moult chansons, « Eté 85 » et les amours homo adolescentes, « Grâce à Dieu » concernant la pédophilie au sein du clergé, « l’Amant double », jeux troubles de miroirs… La liste est longue.

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