lundi 5 décembre 2022

Un objet indéfini sorti des oubliettes


Le vin se bonifie avec l’âge, il semblerait qu’un ballet fasse de même ainsi que le spectateur que je suis, si j’en crois mes émotions ressenties avec le ballet que Pina Bausch a créé en 1978, « Kontakthof ».

C’est un ballet que j’avais découvert au Festival d’Avignon en 1981, et que j’avais simplement détesté. Aujourd’hui, ressorti des vieilleries et recréé à l’Opéra de Paris, à Garnier, il apparaît dans toute sa modernité, sa splendeur, sa théâtralité. Etait-il en avance sur son temps, ou plus simplement, n’avais-je pas à l’époque les codes pour le comprendre et en saisir toute sa saveur ? Les deux, peut-être !

Mêlant théâtre, danse, et même une vidéo sur la vie des canards et leurs petits, « Kontakthof » est un objet indéfinissable, qu’on ne pourrait raconter, tant il recèle de créativités, de scènes sans lien les unes avec les autres, scènes se succédant, tantôt dansées ou parlées, tantôt lentes ou rapides, languissantes ou agressives.

Un plateau nu ou presque. Un rideau au fond cachant une scène de théâtre qu’on ne verra pas, un piano à droite, et des chaises, 26 sans doute pour autant de danseurs et danseuses réparties de manière paritaire. Les hommes en costard cravate du gris au noir, les femmes en robes de couleurs vives ou pastel, talons hauts. Les thèmes se succèdent, humour ici et là apportant un vrai charme à l’ensemble, jouissant, scrutant l’autre, interpellant, ordonnant de marcher ainsi et pas autrement, vociférant parfois, jouant presque à 1, 2, 3 soleil. Une des dernières scènes, très belle, marquant la fin de vie sans doute, toutes et tous en noir, tristesse absolue devant la fin du ballet qui vient, est d’une infinie tendresse. Au fait, les tapes aux fesses des danseuses pourraient-elles aujourd’hui ne pas créer de scandales ? Pas si sûr !

26 danseuses et danseurs de l’Opéra de Paris, c’est indéniablement du haut niveau technique. Merci à l’ancienne Directrice de la danse de l’ONP, d’avoir, avant son départ précipité, obtenu du Tanztheater Wuppertal, le recréation de ce ballet à Paris. Il en valait bien la peine.

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