lundi 17 octobre 2022

Deux "Vania" pour le prix d'un


« Oncle Vania » est une des pièces les plus connues et les plus jouées d’Anton Tchekhov. Mais on ignorait que 10 ans avant de la créer, le dramaturge russe avait écrit une sorte de brouillon, aux titres divers, « le Sauvage » ou « le Génie des bois ». Mêmes personnages, même lieu, même histoire, mais les fins divergent.

Clément Poirée, Directeur artistique du théâtre de la Tempête, sis à la Cartoucherie de Vincennes, a entremêlé et placé face à face les deux pièces de Tchekhov, et donc les deux Vania, ce qui amène l’un à se suicider, l’autre à se rater. Il a alors créé une nouvelle pièce en ajoutant deux personnages, un auteur et une autrice (parité oblige) chargées tous deux d’écrire un « oncle Vania », l’un s’inspirant du brouillon, l’autre de la pièce finale. Et le résultat est tout à fait surprenant, surtout quand les deux épilogues s’opposent. Après avoir vu le suicide de Vania, on rembobine le film, Vania ressuscite dans un halo de lumière trouble, et Sonia assise à ses côtés, lui promet une seconde vie, une belle et merveilleuse vie au ciel, parce que ce qu’ils auront vécu sur terre, vie de labeur, sans amour, sans joie, sans reconnaissance d’autrui, n’aura guère valu d’être vécue.

Si le prologue avec les deux auteur et autrice est d’une vivacité certaine, et franchement amusante, on peine par la suite à accrocher l’intrigue, est-ce dû sans doute à la difficulté de faire cohabiter deux pièces qui se ressemblent, pour dans la dernière heure nous embarquer dans ces épilogues totalement différents, soit le destin de l’oncle Vania, soit les amours de Sonia pour le médecin.

Au passage, nous aurons droit à une belle leçon d’écologie de la part du médecin, Mikhaïl, que l’auteur, celui sur les planches, aime nommer avec l’accent américain (sourires obligés).

Belle équipe de comédiens, dont on distinguera Elsa Guedj dans le rôle de Sonia, équipe surfant sur une belle direction d’acteurs de Clément Poirée, de jolies lumières et une scénographie à la hauteur. Globalement, spectacle réussi malgré sans doute quelques longueurs dans la première partie, un resserrement de la pièce (plus de deux heures trente quand même) eut été préférable.

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