Flics en échec, ça arrive !

« La nuit du 12 » est un excellent film policier de Dominik Moll. Dès l’entame, un panneau nous dit que 20 % des meurtres ne sont pas élucidés en France, et celui de la jeune Clara en fait partie. Pour une fois, on n’aura pas de happy-end dans un policier, cela nous change et on ne s’en plaindra point. Cela nous évitera de supputer la culpabilité de l’un ou de l’autre puisqu’on sait qu’il n’y aura pas de coupable au final.

La jeune Clara, la vingtaine, est retrouvée au matin, morte, brûlée vive. La PJ de Grenoble est chargée de l’enquête au détriment de la gendarmerie. Nous allons assister à la vie de l’équipe commandée par Yohan, capitaine (excellent Bastien Bouillon). Les suspects défilent, sans qu’on puisse accuser quiconque. On suit pas à pas les différentes missions des uns et des autres, entre les interrogatoires, les enquêtes de voisinage, les rapports à taper. La réalité des commissariats n’est pas tue, entre la photocopieuse en panne ou les heures sup non payées.

Mais fallait-il nous imposer la vie privée des uns et des autres, notamment celle de Marceau (remarquable Bouli Lanners comme d’habitude, cet acteur est un monument du cinéma) dont l’épouse le trompe et qui va divorcer, avec à la clé un pétage de plomb ? On a trop l’habitude avec les séries policières à la télé. On vit les fêtes de la brigade, mais aussi les « prises de gueule ».

Dans une dernière partie, trois années ont passées, Marceau est parti, remplacée par une jeune OPJ. Avec la nouvelle juge (Anouk Grimberg divine) qui relance l’enquête malgré sa bonne centaine de dossiers en attente, sans résultats. Mais la présence de cette jeune femme dans la brigade pose la question des assassins qui sont toujours des hommes,et ceux qui enquêtent des hommes aussi. Réflexion sur les rapports de domination dans la société, ça aussi, c’est peu fréquent dans les séries policières : raison pour apprécier « la Nuit du 12 » !