mercredi 23 mars 2022

Une vie et un film à 100 à l'heure

Le jeune cinéaste Eric Gravel, québécois et français, vient de réaliser un coup de maître pour son second long métrage avec « A plein temps », justement récompensé à la Mostra de Venise en 2021 par deux Prix, ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice pour Laure Calamy, dans la section parallèle Orizzonti.

Julie élève seule ses deux enfants, le père étant aux abonnés absents. Toujours faut-il qu’elle lui rappelle de payer sa pension alimentaire, quand il répond au téléphone, ce qui semble assez rare. Elle habite un petit pavillon en grande banlieue parisienne et travaille dans un palace parisien. L’action se déroule au moment de puissantes grèves dans les transports, et se rendre en temps et en heure sur son lieu de travail, confier ses enfants le matin avant l’école, les reprendre le soir tard, faire les courses, à manger, préparer l’anniversaire du petit, ce sont bien deux journées de travail en une qui sont le lot de beaucoup de ces mères dites célibataires, « à plein temps » selon le titre.

Eric Gravel, avec son directeur de la photographie, Victor Seguin maniant la caméra à l’épaule avec une science remarquable, ont su rendre vivante la vie trépidante de Julie, ont su imprimer sur la pellicule la vie à 100 à l’heure de cette femme quarantenaire. Sans doute avec quelques trucs dont ils auraient pu se passer, tels les sprints sur les trottoirs parisiens, on se doute que Laure Calamy ne pouvait aller bien loin à cette vitesse. Ils ont su aussi décrire le boulot consistant à laisser les chambres dans des propretés impeccables après le passage de certains êtres nauséabonds qui s’ingénient en partant à répandre leur merde partout. Il semblerait que cela existe ! Le karcher semble alors le seul outil de nettoyage adéquat.

Quant à Laure Calamy, notre orléanaise, elle éblouit de film en film, interprétant le rôle de Julie avec une exactitude rare. Présente de plus en plus sur les écrans, elle se tient désormais au firmament des meilleurs actrices françaises, mais il fallait que les rôles lui soient proposés, ce qui est maintenant le cas.

On me permettra deux remarques concernant le scénario : placer l’action en pleine grève dans les transports d’Ile de France, pourrait inciter certains à condamner les syndicats qui feraient subir à la population des conditions de vie draconiennes. Enfin, Julie, après avoir été licenciée de son palace, retrouve un emploi dans les 48 heures : on pourrait croire que la France connaît le plein emploi et que pour trouver du travail, il suffirait de traverser la rue, air bien connu.

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