Abdulrazak Gurnah a reçu le prix Nobel de littérature en 2021. Très peu connu en France, deux ou trois romans traduits et depuis longtemps épuisés, « Paradis » a été réimprimé récemment.
Gurnah, né à Zanzibar en 1948, vit depuis longtemps en Grande-Bretagne. Mais dans ses romans, il parle de sa région natale. C’est le cas de « Paradis ». L’histoire se déroule dans l’actuelle Tanzanie, peu avant la première guerre mondiale. Yusuf, un jeune adolescent, est vendu comme esclave à un riche marchand afin de payer les dettes de son père. S’il a le statut d’esclave, il est en fait employé dans un magasin, sans salaire.
Le lecteur suit Yusuf pas à pas, dans l’ombre de son maître et protecteur, dit l’oncle Aziz. Il participera à une longue traversée du pays, son maître pratiquant le commerce. Parcourant des villages tenus par des sultans, face aux dangers, serpents, moustiques, maladies, la troupe après de longs mois, reviendra à son point de départ. Les premiers émois amoureux gagnent Yusuf. Gurnah décrit le colonialisme allemand, et n’est pas tendre dans ses propos.
Le roman est écrit dans un style très alerte, la langue d’une grande richesse. La religion est omni présente, mais Gurnah est très habile, on sent chez lui une prise de distance avec l’islam. La grande question qui agite le roman est le repli, l’acceptation de son sort, ou la rupture, l’envol vers une nouvelle vie, rompant avec le statut d’esclave.
Paradis
Traduction de Anne-Cécile Padoux
Denoël
280 pages / 20 €
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