Nathalie Béasse est montée au firmament de la création théâtrale en étant invitée lors du Festival d’Avignon, avec « Ceux-qui-vont-contre-le-vent », présenté au Cloître des Carmes, haut lieu de la cité des Papes. Le spectacle est depuis en tournée et présent en ce mois de février au Théâtre de la Bastille, dans un quartier populaire tel qu’on les aime à Paris.
Ils sont sept, surgissant du fond de la salle, s’invectivant, certains pourraient croire à un incident avec un spectateur, mais non, positionnés en bas du plateau, ils et elles sont à la recherche de quelqu’un, dans le public ou ailleurs, se querellant en français, anglais, allemand, mais ce pourrait être une chose, un objet, on ne saura pas. La suite est une succession de tableaux étranges, qui questionnent, font sourire, voire rire, mais surprennent fortement le public, séquences où théâtre et danse se conjuguent, dans des performances qu’on ne saurait classer dans une quelconque catégorie du spectacle vivant.
Il y a les lettres qu’on lit au cours d’un banquet, lettres qui parlent de l’absence d’un être qu’on aime, sans qu’on sache si le lecteur est celui a écrit ou qui a reçu, ces vêtements qui glissent sur le plateau et dont se revêtissent les acteurs, cette table qui a l’issue du banquet se soulève, penche à gauche, à droite, ces souliers qu’on lance en l’air et dont il faut se protéger lors de la chute, et ces ballons gonflés qu’on explose facilement ou pas. La liste est longue…
Les niveaux de lecture se superposent, le titre même peut se comprendre différemment. On peut voir le spectacle au premier degré et s’en satisfaire. Mais on peut aussi tenter d’interpréter, d’en trouver des solutions, de chercher ce que Nathalie Béasse et sa Compagnie veulent nous dire, le discours sous-jacent…
Personnellement, j’y ai vu, outre le thème de l’absence au début, l’apocalypse climatique que nous savons, au travers de cette femme qui ne cesse de tomber de la table et qu’on rattrape tant bien que mal, et ces ballons crevés qui semblent refléter ce que l’humanité détruit jour après jour, et qui nous pousse inexorablement vers la fin, représentée par le sang qu’on projette, in fine, sur l’un des sept, devant ce paysage terrestre peint sur une fresque déployée en fond de plateau et qui disparaît à l’extinction des lumières.
Bon, on peut aussi voir autre chose ou rien du tout dans ce très beau spectacle ponctué de rires du public ainsi que de silences plombés. Riches applaudissements pour remercier la Compagnie..
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