jeudi 27 janvier 2022

Un beau documentaire sur Mickael Cimino

Jean-Baptiste Thoret, critique et réalisateur au cinéma, vient de nous offrir un petit bijou, « Michael Cimino, un mirage américain », documentaire sur l’œuvre cinématographique du génial américain, autant encensé que détruit dans son propre pays. Pour ce faire, il s’appuie sur une interview qu’il avait réalisée en 2010 de Cimino, en voiture, au cours d’une balade à travers les paysages grandioses du Montana.

Mingo Junction, ville de l’Ohio. J-B Thoret y plante sa caméra. Petite ville sidérurgique, florissante pendant longtemps quand les USA produisaient ce dont ils avaient besoin, aujourd’hui rongée par le chômage, la plupart des cafés fermés, des quartiers à l’abandon. C’est là que Cimino a tourné une partie du film qui lui valu d’être doublement oscarisé, « Voyage au bout de l’enfer ». J-B Thoret a retrouvé des figurants de l’époque, ou de simples observateurs (film tourné en 1977), lesquels témoignent avec une nostalgie, une émotion non feintes de leurs souvenirs restés intacts. On sent vraiment que ce fut le meilleur moment de leur vie, que de voir débarquer toute l’équipe de Cimino, et de partager avec elle le tournage de ce film devenu culte.

 Viendront ensuite quelques références aux autres films accompagnées de plusieurs courts extraits, « le Canardeur » avec Clint Eastwood, « l’Année du Dragon », « le Sicilien » et « The Sunchaser » sorti en 1996, son dernier film. Mais J-B Thoret s’attarde évidemment beaucoup plus sur « la Porte du Paradis », fiasco financier qui entraînera la faillite de United Artists, tourné précisément dans le Montana aux paysages si chers à Cimino, film de 3 heures 20 que j’avais découvert au début des années 80 (40 ans déjà) et qui m’avait émerveillé, l’image d’Isabelle Huppert m’étant depuis toujours restée liée à cette œuvre grandiose. On regrettera néanmoins que le documentaire ne creuse pas plus les vraies raisons de la déroute de ce film, honni par le public américain parce qu’il osait évoquer la lutte des classes entre « Blancs », d’une part de riches fermiers régnant sur d’immenses territoires et d’autre part, de pauvres migrants qui ne souhaitaient qu’un peu de terre, mais c’était trop encore pour les premiers. Parler de l’esclavagisme, de l’extermination des indiens ou de la guerre du Vietnam, passe encore, mais pas de la guerre menée par de riches blancs contre des pauvres blancs. On le qualifiera de marxiste, ce qui dans ce pays était pire qu’une insulte.

Parmi les invités, on remarque fortement Quentin Tarantino dont le discours fort nous éclaire sur les intentions de Mickael Cimino, son sens artistique, ses sources, son inspiration, traçant un parallèle avec Visconti. On sent vraiment que Tarantino a des choses à dire, et qu’il est un fin connaisseur de l’art cinématographique.

Que voilà un merveilleux documentaire qui donne envie de voir ou revoir l’oeuvre de Mickael Cimino, décédé en 2016.

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