mercredi 5 janvier 2022

Imagination, rêves, amitiés et amours selon Desplechin

Avis à toutes et à tous, Desplechin revient avec « Tromperie », chef d’œuvre sur grand écran ! Adapté dn roman éponyme de Philip Roth, auteur US, le film nous conte les aventures amoureuses d’un écrivain plus très jeune (Denis Podalydès) avec de jeunes femmes, la dernière n’étant autre que Léa Seydoux, le duo nous proposant une interprétation très haut de gamme. A eux deux, ils mériteraient un Prix de couple au cinéma, si cela existait.

Le film est divisé en une douzaine de chapitres. L’essentiel du film tourne autour de la relation entre Podalydès et Seydoux, leurs amours se déroulant dans le bureau de l’écrivain, lequel note consciencieusement les dialogues entre lui et ses conquêtes féminines. Mais son épouse au foyer, tombant par hasard sur le carnet du mari, l’accuse d’adultère, lui certifiant à sa femme que tous les dialogues contenus dans le carnet sortent de son imagination. « On ne peut pas baiser les mots », s’exclame-t-il ! Dit-il vrai ? Trompe-t-il sa femme ? La vérité se situe peut-être à mi-chemin, ou plutôt à la confluence de l’imagination, des rêves, des rencontres vraies, espérées, où l’amitié et l’amour se confondent. Philip Roth et Arnaud Despechin s’ingénient à embarquer le spectateur dans la « tromperie », le doute qui va l’assaillir à la sortie du cinéma. Voilà pour l’intrigue.

Dialogues quasi littéraires virevoltant de l’un à l’autre des amants, la photographie due à Yorick Le Saux et le montage à Laurence Briaud donnant parfois au film, un côté pictural fascinant. Je pense notamment à cette scène où la caméra va d’un personnage à l’autre en plans fixes, chaque plan se rapprochant imperceptiblement du spectateur : c’en est du grand art quand on parvient à un tel niveau de beauté cinématographique.

Quelques chapitres s’éloignent du duo, celui du procès où Podalydès est accusé d’agresser les femmes en les aimant, et où l’acteur sort le grand jeu : fabuleux ! ainsi que ces deux autres anciennes amies ou amantes, on ne sait pas trop, celle qui s’enfonce dans les métastases du cancer (sublime Emmanuelle Devos), et l’autre, ancienne étudiante ayant sombré dans la psychose (émouvante Rebecca Marder).

Arnaud Desplechin nous livre un film brillant, lumineux, présenté à Cannes en 2021 hors compétition, ancré sur le féminisme sous toutes ses facettes, les bonnes comme les plus controversées, Metoo en toile de fond à l’endroit et à l’envers. Chacun s’y retrouve, mais « Tromperie » est une œuvre intellectuelle qui se savoure à petites gorgées.

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