Histoires de vies parallèles

Le couple Pedro Almodovar et Penélope Cruz est de retour pour notre plus grand plaisir, afin de nous parler encore et encore des femmes, des mères célibataires cette fois-ci, dans ce long métrage présenté à la Mostra de Venise en 2021, « Madres Paralelas », film pour lequel Penélope Cruz a obtenu le Prix de la meilleure interprétation féminine.

Deux femmes font connaissance à l’hôpital, elles sont célibataires, accouchent en même temps d’une petite fille, toutes deux placées en observation. Elles occupent la même chambre en attendant le retour de leur enfant. Conditions réunies pour un échange de bébé. Le sujet a déjà été traité au cinéma, notamment dans « Tel père, tel fils » de  Hirokazu Kore-eda, mais la suite du scénario s’avère totalement différente de celle du maître japonais. L’une Janis (Penélope Cruz), photographe de son métier, découvre l’échange, hésite à se séparer du bébé qu’elle a appris à aimer, mais rencontre par hasard l’autre mère (Milena Smit) qui lui annonce le drame.

Almodovar scrute dans ses moindres détails, les réactions des deux femmes (40 ans pour l’une, 17 ans pour l’autre), aux revenus, aux pratiques culturelles et culinaires, aux comportements dans l’art d’être maman, très différents de l’une à l’autre. Pour finalement retrouver les mêmes accents, ceux d’une mère.

Mais Almodovar ajoute un second volet à son film, celui des fosses où ont été enfouis les démocrates, républicains, gens du peuple de gauche, assassinés par les milices fascistes durant la guerre civile. Fosses que les divers gouvernements de Droite en Espagne ainsi que le clergé n’ont pas voulu ouvrir de peur de voir ressurgir leurs responsabilités dans les massacres de masse. Dernière image saisissante où les corps des suppliciés retrouvent leurs chairs et vêtements.

Du grand et fort Almodovar comme d’habitude !