Le dernier Festival de Cannes a consacré « Le Genou d’Ahed » du cinéaste israélien Nadav Lapid, en lui attribuant le Prix du Jury. M’est avis que ce film aurait pu être plus haut placé dans le palmarès, tant il respire une beauté luminescente par son art pictural, tant il nous propose des plans incroyables, des séquences chorégraphiques exceptionnelles, tant la caméra danse autour d’Y, personnage incarné par l’acteur Avshalom Pollak.
Y, la lettre représentant une seule origine se divisant en deux branches s’éloignant l’une de l’autre (comprenons juifs et musulmans), c’est un réalisateur israélien qu’on pourra identifier comme étant Nadav Lapid lui-même. Il désire tourner un film au sujet de cette jeune militante palestinienne, Ahed Tamimi, qui un beau jour s’est permis de gifler un soldat israélien, geste qui lui valut de longs mois de prison. On entend un député de la Knesset déclarer d’une voix saccadée qu’une balle dans le genou la calmerait pour toujours. Monstrueuse déclaration !
Mais bientôt le scénario file dans le désert où Y présente un de ses films à une petite communauté juive. Accueilli par une jeune femme prénommée Yahalom (remarquable Nur Fibak) travaillant au ministère des Arts, Y en profite pour évoquer son passé à l’armée notamment. Nadav Lapid dénonce alors avec une force inouïe le lavage de cerveau qui s’opère à l’armée, et au-delà l’état raciste dirigé par des politiques fourbes, dont le Ministre des Arts carrément accusé de ne pas aimer les Arts au sein d’un gouvernement sans humanité, Yahalom s’avérant être le parfait relais d’une politique répressive en matière culturelle, sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Quoique…
Film qui risque d’être accueilli plus que froidement en Israël, mais Nadav Lapid déballe tout ce qu’il a sur le cœur, sorte de testament avant la catastrophe finale, le « Jugement dernier » qu’il promet terrible aux gens de son pays. Presque dernière image du film, d’une grande douceur, rompant avec la haine qui précède, quand la jeune sœur de Yahalom console Y en pleurs, en lui disant qu’il est un homme bon. Lapid nous dit par là qu’il existe encore quelque espoir dans cette société avant qu’elle ne soit perdue.
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