TG Stan est un collectif d’acteurs belges flamands, qui ne s’embarrasse pas de longues répétitions, mais qui crée quasiment sur scène le spectacle à partir d’un texte d’auteur. Ici, l’émotion n’est pas fabriquée, elle naît sur scène, et tant pis si quelques défauts apparaissent, tels des trous de mémoire. En 2019, le collectif a déjà été invité par le CDN d’Orléans pour présenter « Infidèles » sur un texte de Bergmann. Cette fois-ci, à Orléans, « Orphans » est à l’affiche, texte du britannique Dennis Kelly, « Orphelins » en français.
Sur le plateau, pas grand-chose, d’ailleurs les acteurs installent tout en notre présence : deux tréteaux, une planche, deux assiettes, des verres, et des chaises. « Orphans » expose un dilemme pour un couple, jeune, Danny et Helen. Elle attend un enfant. Liam, le frère de la jeune femme survient, ensanglanté. Il reconnaît avoir secouru un homme blessé dans la rue qui s’est enfui. Mais peu à peu, devant l’insistance de Danny qui pose des questions insidieuses, on apprend qu’il arrive de chez son copain aux idées nazi, que le blessé est noir, et que Liam l’a agressé méchamment. Attaque raciste gratuite.
Faut-il appeler la police, ou pas ? Telle est la question qui va installer la crise dans le couple. Pour Helen, le criminel n’est autre que son frère. Peut-elle accepter que son mari appelle la police et le livre à la justice ? Ce sont ces questions-là que Dennis Kelly pose sans apporter de réponse. Tantôt, c’est la jeune femme qui refuse, pour ensuite être celle qui veut le livrer devant les atermoiements de son mari. Va-et-vient dans le couple. Que faire ? Qui peut dire ce qu’il ferait dans de telles conditions. Les liens familiaux doivent-ils être placés au-dessus de tout ?
Helen, c’est Jolente De Keersmaeker, la soeur d’Anne-Teresa la chorégraphe. On sent chez elle une maîtrise parfaite du plateau, il est vrai qu’elle a participé à la création de TG Stan à la fin des années 80. Voilà un collectif qui semble bien se porter en déterrant des textes qui projettent le spectateur dans la réalité de notre société. Tiens, voilà que cela me fait penser à Milo Rau, lequel est invité au CDN d’Orléans en avril prochain.
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