jeudi 30 septembre 2021

Guermantes où vrai et faux se superposent


Christophe Honoré
, qui est un cinéaste qui sait mettre du sens dans ses films, et en France on peut malheureusement les compter sur les doigts d’une main tant l’appât du fric par les multiplex est énorme, nous plonge au sein de la troupe de la Comédie Française, laquelle prépare au théâtre Marigny une adaptation théâtrale d’une partie de l’œuvre monumentale de Marcel Proust, « A la recherche du temps perdu ». Mais la pandémie survenant, tout est annulé au grand dam des acteurs, actrices et metteur en scène, Christophe Honoré lui-même. Qu’à cela ne tienne, on réalisera un film, « Guermantes ».

Le film est parsemé de scènes qu’on doit trouver quelque part dans l’œuvre de Proust, mais n’ayant pas lu le « pavé », il m’est difficile d’en parler. Il y a notamment la mort d’une vieille femme (fantastique Claude Mathieu), annoncée un peu trop tôt, et qui est une vraie merveille cinématographique où l’on passe de la plaisanterie au drame familial. Si le film est entrecoupé de scène proustiennes, la troupe s’amuse aussi, sans que l’on sache trop si repas en extérieur, coucheries, règlements de compte sur fond d’homosexualité ou caricatures amoureuses, voire  quiproquo de démission du Français qui n’en est pas une, cigarettes fumées à répétition en intérieur, ont quelque rapport avec l’œuvre de Proust, chacun évoquant un personnage proustien tout en donnant l’impression au spectateur d’être lui-même. On pense que oui, mais quand on n’a pas lu Proust…

Seulement, il y a comme un hic ! On nous présente les acteurs, effondrés, apprenant que le spectacle n’aura pas lieu. Mais la caméra de Rémy Chevrin, Directeur de la photographie attitré d’Honoré, tourne déjà ! On n’est plus dans le documentaire, mais dans la fiction en prise avec le réel. Si tout nous apparaît comme un docu, avec caméra à l’épaule, Honoré sait déjà que tout cela accouchera d’un film. C’est sans doute fort bien fait, mais un tant soit peu trompeur.

On se plaît à reconnaître entre autres, outre Claude Mathieu, Éric Génovèse, Elsa Lepoivre, Serge Bagdassarian, Dominique Blanc, Loïc Corbery et bien sûr Christophe Honoré. Le film long de deux heures vingt minutes, tend malheureusement à s’étirer. On pourrait sans dommage couper les dernières 20 minutes, quand après une virée Place Vendôme, la joyeuse troupe entre au Ritz. La suite est totalement inintéressante, sauf sans doute pour les lecteurs assidus de Proust.

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