vendredi 10 septembre 2021

Démêler les vivants et les morts, pas simple !

« La Chambre bleue » m’avait séduit en 2014 dans une adaptation d’un roman de Simenon. Mathieu Amalric revient dans la réalisation et nous propose « Serre-moi fort », présenté à Cannes hors compétition, long métrage qui semble bien difficile pour le critique d’en parler sans révéler le dessous des cartes. Bien qu’ayant lu justement une critique quelques heures avant de me rendre en salle, je connaissais l’histoire, et il m’apparaît après tout qu’il vaut mieux la connaître si le spectateur désire en saisir les multiples détails qui parsèment le film.

Le film débute par un ensemble de photos qu’une main retourne, mélange, jette en paquet et s’en va. Amalric nous avertit : le scénario sera alambiqué, tout sera entremêlé pour le spectateur. Soit une famille, le père, la mère et deux enfants encore jeunes, garçon et fille, vivant quelque part en montagne. La famille est brisée en deux : la mère d’un côté, père et enfants d’autre part. On se doute qu’une partie, mais laquelle, n’est plus de ce monde. On aura bien une réponse, mais Amalric laisse la question en suspend, alternant les séquences des uns et des autres, faisant apparaître les enfants devenus ados, c’est à s’y perdre dans un vrai labyrinthe familial voyageant dans le temps, les rêves, les souvenirs…

Le piano sera au centre du film dans une sorte de symphonie classique, la mère ayant délaissé ses études musicales autrefois, la fille s’orientant vers une carrière pianistique de haut niveau. Amalric a choisi deux acteur/actrice peu connues, Vicky Krieps dans le rôle de la mère, Arieh Worthalter dans celui du père et une future pianiste en la personne de la jeune Juliette Benveniste. Au final, on reste néanmoins dans un flou scénaristique : sans doute Amalric a voulu trop en faire, nous embrouiller jusqu’à la lie. Quand le spectateur ne sait plus qui est qui, ne peut plus démêler les vivants des morts, reste un sentiment de flou. Et si Amalric a voulu disséquer les pensées qui animent celle qui survit face à la mort d’une partie du clan familial, ce me semble un peu raté (voilà, vous avez la réponse !). Mais on peut aller voir le film en salles, c’est loin d’être un navet, au contraire !

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