Que voilà une nouvelle pépite cinématographique en provenance d’Iran ! Mais comme le bon vin, avec 45 années d’âge, elle a particulièrement bien vieilli. Programmée en 1976, sa date de sortie, elle est vite tombée dans l’oubli d’autant que les Ayatollahs l’ont interdite. On la croyait perdue, cette pépite. Et voilà qu’il y a peu, on la retrouve dans une brocante en Iran. Récupéré par la Fondation Scorsese, rénové dans les studios de Bologne, voilà « l’Echiquier du Vent » du réalisateur iranien Mohammad Reza Aslani, sur nos écrans.
Nous sommes dans une riche demeure bourgeoise, sorte de palais des mille et une nuits. Celle qui a l’argent est clouée dans une chaise roulante. Nombreux sont ceux qui rêvent de faire main basse sur sa fortune. Les insultes pleuvent, on s’épie, on se menace, on imagine des stratagèmes pour éliminer l’autre. On passe enfin à l’acte.
Pendant ce temps, en bas à la rivière, les lavandières bavardent, les rumeurs d’homicide, de corps dilués dans l’acide vont bon train.
Mohammad Reza Aslani filme les scènes dans un clair-obscur aux teintes chaudes, le palais s’y prête magnifiquement. Sorte de drame shakespearien, Aslani peint une époque où un monde s’écroule devant un capitalisme naissant, la dernière image est à ce titre tout un programme économico-politique. On retiendra des scènes sublimes, telle la descente de l’escalier ou le repas du début pour n’en citer que deux. Quant aux personnages, chacun guettant le faux-pas de l’autre, ils sont tous sortis d’un film de Visconti. Mais celui du médecin vaut le détour.
A voir absolument aux Carmes, peu de cinémas le programment. Quant au réalisateur, à 77 ans, il vit un rêve : son chef d'oeuvre retrouvé après près d’un demi-siècle, rénové, quasi neuf, obtient le succès qu’il mérite en France. Il aurait dû être projeté à Cannes en 2020, mais on n’en est plus à un an près.
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