Farid Bentoumi a vu son dernier film « Rouge », sélectionné au Festival de Cannes en 2020, mais qui n’a pas pu sortir pour les raisons que l’on connaît. Il est sur les écrans actuellement.
« Rouge », ce n’est pas la couleur de la gauche révolutionnaire, quoique… mais celle des rejets polluants d’une usine chimique, quelque part en Savoie. Le sujet est actuel. Le film traite des contradictions chez un ouvrier, délégué syndical qui mange dans les mains du patron, entre la sauvegarde des emplois de la région et la défense de l’environnement. Y a-t-il un juste milieu ? Comment obliger une multinationale à investir dans le retraitement des déchets en France, alors qu’on sait que délocalisée, elle aura les mains libres d’aller polluer quelque part où bon lui semble, jetant au chômage des centaines de travailleurs ?
La première image montre Nour, infirmière dans un hôpital, pousser un brancard dans les couloirs, le visage terrifié. La patiente ne survivra pas. Est-ce la faute de Nour ? ou celle de la politique qui supprime lits et personnels soignants dans les hôpitaux ? Nour se reconvertit en référente santé dans une usine chimique où son père est délégué syndical et très bien vu du patron. Elle découvre l’étendue du désastre écologique et sanitaire, alerte son père qui refuse de l’entendre.
Farid Bentoumi, s’il est manifestement un défenseur de la planète, ne semble pas avoir bonne opinion des militants écologistes, candidats aux élections ou militants des organisations de défense de l’environnement, lesquels en prennent pour leur grade. On lui laissera son propos. Sans doute n’a-t-il pas entièrement tort.
Le couple fille-père, Zita Hanrot dans le rôle de Nour, et Sami Bouajila dans celui de Slimane, le père de Nour et délégué syndical, fonctionne à merveille dans une incompréhension réciproque, magnifiquement cadrée par Georges Lechaptois, le Directeur de la photo. Enfin, la présence d’Olivier Gourmet dans le rôle du patron, en impose, il est vrai que les frères Dardenne participent à la co-production, ceci expliquant cela.
On se dit néanmoins, devant la passivité des ouvriers et la complicité des autorités face au scandale écologique des rejets de cette entreprise, que si des contraintes fortes étaient décidées par un gouvernement pour lutter contre le réchauffement climatique ou la pollution générée par l’activité humaine, on serait devant de monumentales résistances. Les manifs du samedi auraient alors de beaux jours devant elles !
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