lundi 2 août 2021

Avant que les cicatrices de l'adoption ne s'apaisent

Naomi Kawase nous avait enchantés avec « les Délices de Tokyo » en 2016, puis avec son « Voyage à Yoshino » en 2018 où Juliette Binoche excellait au milieu de la forêt, enfin l’éblouissant « Vers la lumière » où le Rollei argentique règne en maître, symbole d’un monde en plein bouleversement.

A Cannes en 2020, si le festival avait eu lieu, on aurait pu découvrir sa dernière création, « True Mothers », qui sort actuellement sur les écrans. Le thème majeur du très long métrage de Kawase (2 heures 20 mn) est l’adoption d’un enfant dès la naissance, la mère biologique devant disparaître à tout jamais de la vie de son enfant. Thème  qui n’a pas de frontières. Cependant, Naomie Kawase a écrit un scénario avec de multiples tiroirs, ouvrant d’autres thèmes majeurs de la société occidentalisée, à tel point que le spectateur finit par errer dans un enchevêtrement d’histoires dévoilées à l’aide d’importants flashbacks.

Au départ, un couple et Asato, un enfant de 6 ans (adorable à l’écran), lequel a un petit conflit avec un camarade dans la cour de l’école. Et l’on apprend que l’enfant n’est pas le fils biologique du couple. S’ensuit un long flashback sur les conseils d’un médecin en matière de stérilité, ceux d’une agence d’adoption, les hésitations du couple pour finalement assister à la remise du bébé. Le second long flashback sera celui des amourettes d’une collégienne, Hikari, laquelle tombe enceinte à 14 ans au désespoir de sa mère. Pour échapper à la honte familiale, on envoie la fille dans un centre basée sur une île afin de terminer sa grossesse. Rupture avec sa famille. Six années de petits boulots et survient une autre jeune fille sans le sou. Ici, j’hésite : est-ce vraiment une autre jeune fille, ou le double d’Hikari ? Celle qui veut revoir son bébé qu'elle a abandonné 6 ans plus tôt, et celle qui a promis de ne plus le revoir ? La dernière image du film me pose question.

Ceci dit, le film de Naomie Kawase recèle d’images belles à ravir, les feuillages qui tremblent, un oiseau qui survole la mer, l’île montagneuse au loin, les enchevêtrements de mains, les effets de lumière évanescente… Kawase prend son temps pour développer son scénario, laissant le spectateur respirer, admiratif de la beauté japonaise. Elle sait aussi rendre à chaque petit détail, son émotion, un sens, une suggestion, tel ce long couloir dans l’appartement du couple, qui semble indiquer que le temps sera long avant que les cicatrices psychologiques de l’enfant et celles des deux mères ne s’apaisent.

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