Mais comment se fait-il que l’Iran, pays rongé par la guerre, la drogue, le blocus économique, la loi islamique des Ayatollahs, produit autant de chefs d’œuvre cinématographiques ? Voici Saeed Roustayi, 31 ans, qui pour son premier film, crée « La Loi de Téhéran », ce qui lui permet de prendre place parmi les plus grands cinéastes iraniens, aux côtés des Kiarostami, Farhadi et Panahi.
Certains parleront de thriller, d’autres de film policier. Je n’aime pas trop cette classification dans la mesure où le thème du film est ancré dans la société iranienne actuelle, à savoir la consommation galopante de la drogue, sa fabrication dans des laboratoires clandestins, et le fric généré qui permet aux caïds se s’enrichir. En ce sens, c’est un film sociétal plus qu’un policier, même si les deux heures et quart, qu’on ne voit pas passer, mettent aux prises un flic et un parrain de la drogue.
Saeed Roustayi a eu la grande intelligence de ne présenter que très peu de scènes de violence, pas de torture physique, pas de coups de feu, pas de castagne, ni de d’hémoglobine à foison, ingrédients dont beaucoup ne sauraient se passer. Tout est dans la torture morale, le chantage, la ruse, qui mèneront à la chute du caïd. Mais Saeed Roustayi sait aussi présenter la réalité de la société iranienne au travers de ces personnages, qui ne sont ni tout blancs, ni tout noirs. A ce titre, la « plaidoirie » du caïd devant le juge en dit long sur les raisons qui peuvent pousser ces gens à vivre en marge de la loi. Quant aux hommes à turban, on n’en verra qu’un, l’espace d’une seconde, venu assister au final, Saeed Roustayi a su éviter une éventuelle censure.
Mais ce qui fait aussi la grande force de ce film, outre les scènes de la vie iranienne, la rue, le bidonville, la prison, c’est la manière de filmer très souvent en gros plans du Directeur de la photographie, remarquable de précision avec sa caméra pour fixer sur la pellicule (même si en numérique, elle n’existe plus – façon de parler), toutes les émotions des différents personnages. Un film à voir de toute urgence, avec ses deux acteurs principaux, Payman Maadi le flic, et Navid Mohammadzadeh, le caïd, inséparables dans leur combat au corps à corps (au sens figuré, j’ai dit que le film est dépourvu de violence physique). Magnifique !!!
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