Le français Arthur Harari a commis un très joli diamant cinématographique, « Onoda, 10 000 nuits dans la Jungle », qui conte les trente années pendant lesquelles, un officier japonais et ses compagnons, ont vécu dans la jungle d’une île des Philippines, croyant que la seconde guerre mondiale se poursuivait.
Ils furent envoyés en 1944 dans l’île de Lubang afin d’organiser la guérilla contre l’armée américaine, et de tenir bon quoiqu’il advienne, de ne jamais se rendre, ni se suicider. Réduits à quatre très rapidement, ils sauront survivre face aux moussons, à la faim, au découragement. L’un sera tué au cours d’un affrontement avec le gardien d’une vache, un autre le plus jeune regagnera la civilisation, le troisième sera tué par des pêcheurs, le dernier Onoda sera retrouvé par un touriste japonais en 1974. Le plus extraordinaire, c’est que beaucoup savaient leur présence. Mais eux, écoutant une vieille radio grésillant, ou lisant des documents trouvés dans la jungle, refusent d’admettre l’idée de la fin de la guerre, et croient au complot, tels ceux qui aujourd’hui sont persuadés que le Covid n’existe pas ou que le vaccin contient une puce vous inoculant la 5G. Et d’autres histoires à dormir debout.
Si la première demi-heure est un peu soporifique, le reste, c'est-à-dire 2 heures et quart puisque le film dure en tout 2 h 47 mn, est d’une beauté sidérante. Les acteurs japonais, tous aussi remarquables, donnent au film une véracité époustouflante, par leurs regards, leurs attitudes, leurs capacités à construire et survivre sous les trombes d’eau. Les paysages aux couleurs chatoyantes, le vent dans les plaines, tout concourt à faire de ce film, un chef d’œuvre.
Présenté à Cannes dans la sélection « un Certain Regard », il est reparti bredouille, alors que la critique professionnelle l’a encensé. Encore un oubli dû, une fois de plus, à un jury qui n’a pas vu la beauté. Dommage ! Il eut d’ailleurs amplement mérité sa place dans la sélection officielle du Festival.
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