« Annette » de Léos Carax, en ouverture du Festival de Cannes, est un chef d’œuvre. Il figure parmi les films dont on ose imaginer l’existence, tant il bouscule tous les codes cinématographiques. On en sort ébloui.
« Annette » est un film-opéra. Peu importe l’histoire qu’il raconte, la musique due au groupe de pop-rock Sparks, est une parfaite réussite, qui accompagne le spectateur tout au long des 2 heures 20. C’est aussi un film-monde, dans la mesure où il ne se rattache ni à la culture, ni à l’histoire, ni aux traditions d’un pays quelconque. Certes, tourné aux Etats-Unis et en anglais, on sent le style US, mais il pourrait être délocalisé ailleurs qu’il garderait toute son émotion.
« Annette » met en scène un couple : Henry, humoriste de pacotille qui fait rire des salles entières, et Ann, soprano et star mondiale. Deux niveaux artistiques à l’opposé l’un de l’autre, deux conceptions de la culture, deux manières de vivre. Ils s’aiment d’un amour fou néanmoins. De l’hymen naîtra une fille, Annette qui donne au film, son titre. Ajoutons un accompagnateur piano, devenu chef d’orchestre, qui en pince pour Ann. Le drame suivra. Mais peu importe, ai-je dit !
Des scènes fabuleuses succèdent les unes aux autres. L’accouchement auquel aucune sage-femme au monde n’a dû assister, la fausse mort d’Ann racontée et mimée par Henry sur scène, la danse des amoureux en plein ouragan sur un yacht, le duo chanté par Annette (la vraie) et Henry à la toute fin du film, un monument à lui seul… Puis l’idée de remplacer Annette bébé par une poupée articulée, dotée d’adorables mouvements, constitue une trouvaille tout à fait exquise. Enfin, chose rare, le film est encadré par un prologue et une conclusion (à ne pas rater après le générique de fin) que je vous laisse découvrir, !
Certains pourront faire la fine bouche, mais transparaît au travers du film, le mouvement Metoo, la violence faite aux femmes, l’enfance brisée, ainsi que la versatilité du public qui tantôt adore l’humoriste Henry, tantôt serait prêt à le mettre à mort. On connaît cela aussi en France, film-monde disais-je.
Marion Cotillard est une Diva, mère et amoureuse remarquable, mais Adam Driver dans le rôle d’Henry est tout à fait exceptionnel : il ne sera pas loin du Prix d’interprétation masculine, à moins que le film ne remporte la Palme. C’est possible ! Il devrait faire un tabac aux US.
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