mercredi 23 juin 2021

Un Royaume et des questions sans réponses

Le CDN d’Orléans nous proposait en cette fin juin, « un Royaume », pièce créée et mise en scène par Claude Schmitz au théâtre de Liège, en octobre 2020, dans cet espace de temps où les théâtres ont réouvert pour quelques semaines seulement avant que la grande vague de la pandémie ne renvoie tout le monde devant ses écrans personnels.

Lorsque le théâtre nous vient de Belgique, et les exemples fourmillent, on sait qu’on va être surpris, que là-bas chez nos amis Wallons et Flamands, cela fait déjà longtemps qu’on a balancé par-dessus bord les oripeaux du théâtre qu’on appelle bourgeois, et qu’on a inventé un autre théâtre, celui qui interpelle le spectateur. Alors, on se réjouit à l’avance.

Une vidéo sur grand écran nous accueille. Une petite fille plonge les pieds dans une rivière. Puis la maman apparaît parlant avec sa fille, puis présentant une épée du Moyen-Age à un ami. Elle échange ensuite avec une vieille femme, peut-être sa mère, avant de dire à sa fille que le lendemain, elle partait travailler. Le lendemain donc, on la retrouve en armure, juchée sur un cheval. La nuit suivante, le cheval disparaît. Elle rencontre une autre femme comme elle, puis une troisième, leurs chevaux ayant aussi disparu. A la nuit, elles s’endorment contre des rochers. L’écran disparaît et on retrouve nos trois jeunes femmes sur scène, en armures,en plein sommeil, au milieu d’un bric-à-brac immense. Télétransportation au théâtre.

Surviendront le technicien du théâtre, son copain qui n’y connaît rien, le Directeur du théâtre et un acteur. On semble répéter le Roi Lear.

Qui sont donc ces trois femmes tout droit sorties du Moyen-Âge ? Des Jeanne d’Arc venues combattre l’envahisseur (ici la pandémie) ? Ou des Don Quichotte chargées d’une quête ? Ou les trois filles de Lear avec l’inévitable Cordélia qui ne veut rien dire ? Tout se détraque dans ce théâtre, les lumières, la musique que le technicien ne parvient plus à maîtriser… Il y a un manque d’énergie manifeste sur le plateau, chacun semble s’ennuyer ferme, on parle sur un ton monocorde, le Directeur paraît exténué, ne dira-t-il pas que « le théâtre, c’est de la merde »… Le copain du technicien crée des sketches stupides, l’acteur claque la porte devant le silence de Cordélia. Quant aux trois femmes, elles ont faim, mais les poulets qu’on apporte lors du banquet sont en plâtre. Eh oui, on est au théâtre, tout est faux, semble dire Claude Schmitz.

Le spectateur à la sortie du théâtre s’interroge dur : mais quelles sont les motivations de Schmitz, son projet, le message qu’il désire transmettre au public ? Chacun reste dubitatif. Y a-t-il un rapport avec la pandémie, les théâtres qui ont fermé de longs mois ? Il semble que non puisque sa création a eu lieu avant. Alors ? Rêve d’une jeune femme s’imaginant artiste ? Il n’en reste pas moins que le spectateur, s’il ne perçoit pas l’objet du projet, ne s’ennuie pas. Peut-être parce qu’il attend quelque chose qui ne viendra pas, mais quoi ?

Claude Schmitz parle de son Royaume comme « un rêve sur cette étrange pratique qu’est le théâtre, un hommage au théâtre comme une critique, un endroit un peu ambivalent où il se situe… ». On veut bien, mais on ne s’en est pas aperçu !

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