Un film chaleureux sur de petites gens aux USA

Qu’est-ce donc qui m’a incité à aller voir « Nomadland », Lion d’Or au Festival de Venise en 2020 ? Ses trois Oscars ? Certainement pas.  Plutôt la réalisatrice, Chloé Zhao, dont le cinéma indépendant des grosses écuries US, attire mon regard, avec « les Chansons que mes frères m’ont apprises » en 2015, puis « The Rider » en 2018, deux films où les chevaux sont vénérés à travers des paysages grandioses.

« Nomadland », c’est un road movie comme on dit : de petites gens qui ont été frappées par le destin, la mort d’un mari ou d’un fils, ou qui ont tout simplement décroché de la vie en société,  le chômage aidant, errent sur les routes des USA, vivant de petits boulots obtenus ça et là, se rencontrant au gré du hasard dans des coins perdus du désert, du Nevada à la Californie, du Nebraska au Dakota.

Ils roulent dans des vans aménagés, vivent de peu, mais nouent des amitiés fortes, s’entraident, échangent de menus objets, car la propriété n’est pas un sentiment dominant chez eux. On les appelle les nomades là-bas, on pourrait aussi parler de « gens du voyage ».

L’héroïne du film est Fern, une femme, la cinquantaine, qui respire la bonté, l’honnêteté, le partage, sentiments qui tendent à disparaître chez les sédentaires. L’interprétation qu’en donne Frances McDormand est stupéfiante de sincérité, le cheveu court en bataille, en salopette le plus souvent, le regard empli d’amour pour son prochain.

Pas de scène de sexe ici, pas de violence non plus, ni de course poursuite, ingrédients obligatoires pour certains à qui je déconseille de se déplacer. C’est quasiment un documentaire sur cette Amérique profonde, chacun racontant son histoire, des histoires toutes simples de gens pour qui la vie n’a pas été tendre. Visages de paumés, mais visages chaleureux, filmés remarquablement et souvent caméra à l’épaule.

Alors certes, Chloé Zhao en reste au documentaire, sans perspective politique. Sans doute parce que dans cette Amérique, il n’y a plus d’espoir pour eux.