vendredi 28 mai 2021

Mal-être sur réseau social : seul en scène fabuleux !

Jeanne Dark, spectacle mêlant danse, vidéo, théâtre et musique, mis en scène par Marion Siéfert, c’est d’abord une performance exceptionnelle de la talentueuse Helena de Laurens, laquelle durant un peu plus d’une heure et demie, projette son visage sur grand écran à l’aide d’un téléphone portable tenu dans ses mains, tout en dansant et criant son mal-être d’adolescente.

Jeanne, 16 ans et lycéenne, dont le pseudo sur Instagram est Jeanne Dark, ce qui provoque moqueries et insultes, crie son désespoir face à sa famille très représentative de celles qui votent massivement aujourd’hui et qui créent des majorités conservatrices, c'est-à-dire catholiques, traditionnelles et bourgeoises. Son cri, elle le lance sur son réseau social favori, en direct et en vidéo, que le spectateur peut suivre sur deux écrans géants placés de part et d’autre d’une chambre vide, toute blanche, telle une chambre d’hôpital où Jeanne pourrait se retrouver prochainement.

C’est aujourd’hui le sort de nombreux jeunes, les uns se coulant dans le moule sans revendiquer, les autres paniquant devant un avenir trop incertain. Alors, Jeanne explose, jalousie envers sa sœur à peine plus jeune qu’elle, mais déjà plus vierge, méprisant son corps, son visage, sa poitrine, son sexe, sa mère en faisant les frais dans un final étourdissant. Son visage prend toutes les formes possibles, la vidéo permettant au spectateur de percevoir le plus petit signe, le moindre sourire, un nez qui se courbe, une bouche qui grimace… L’actrice joue admirablement avec son téléphone, tantôt à droite, tantôt à gauche selon qui parle, selon qu’elle crie ou qu’elle réfléchit. Des tonnes de bisous déferlent alors et s’envolent sur les écrans puisque chacun peut suivre le spectacle sur Instagram, commenter en direct, et peut-être bien, mais on ne sait plus faire la différence entre le vrai et le faux, c’est le propre des réseaux sociaux, des oreilles de lapin ou des lunettes. In fine, quelqu’un lui demandera : « ça va ? »

C’est du très grand art ! Un des plus fort « seul en scène » qu’on puisse admirer. Et chapeau aux techniciens vidéo qui réalisent une véritable prouesse technique en direct !

Le CDN d’Orléans a mis la barre très très haut pour cette rentrée théâtrale à Orléans après des mois de fermeture. Malgré une jauge réduite, on était peu nombreux ce jeudi en fin d’après-midi, les orléanais préférant sans doute les terrasses des cafés à cette heure. A moins qu’ils aient oublié que le théâtre existe !

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