jeudi 29 avril 2021

Retour à Amsterdam entre présent et passé

Dans « Une maison sur l’eau », Emuna Elon décrit le sort réservé à la communauté juive à Amsterdam pendant l’occupation nazie, avec les rafles, le silence d’une bonne partie de la population, la résistance d’une poignée d’entre eux, et la complicité de la bourgeoisie juive qui pensait s’en sortir ainsi. Elle évoque le sort des enfants juifs cachés et confiés à des familles chrétiennes, et qui n’ont jamais rien su de leurs géniteurs biologiques.

L’autrice met en scène un écrivain israélien, Yoel Blum, déjà âgé, qui découvre sur le tard qu’il n’est pas celui qu’il croit être. Il se rend alors dans la capitale des Pays Bas, s’installe dans un hôtel miteux tout proche de la maison où habitaient ses parents en 1940, et entreprend d’écrire un roman racontant la vie de son père, sa mère, sa sœur et lui-même bébé à l’époque. Cependant, Emuna Elon entremêle dans une sorte de va-et-vient, les découvertes de Yoel dans les rues, les musées, les synagogues, les bars, les rencontres chaleureuses que le hasard lui permet de faire, et la vie de sa mère Sonia, quelques soixante années auparavant, tentant de sauver son mari et ses enfants de la déportation.

Emuna Elon n’est pas toujours tendre avec l’attitude de la communauté juive sous l’occupation, résignée le plus souvent. Mais au final, elle reconnaît qu’il n’est pas aisé de condamner tel ou tel, ignorant comment soi-même aurait réagi dans une situation aussi épouvantable.

Le texte est une merveille d’écriture, même si ça et là quelques lourdeurs affaiblissent le style. C’est le premier roman de cette autrice traduit en français. C’est aussi un voyage dans l’Amsterdam d’aujourd’hui, et au sein des traditions religieuses hébraïques.

Traduction de Katherine Werchowski – Edition Albin Michel – 327 pages

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