mardi 21 juillet 2020

Tragiques amours adolescentes

François Ozon nous avait laissés l’année dernière (une éternité avant l’arrivée du Covid), avec le magnifique « Grâce à Dieu », justement primé à la Berlinale d’un Ours d’argent décerné par le Jury.

En cet été du renouveau, il nous propose « Eté 85 », adapté d’un roman d’Aidan Chambers. Du côté du Tréport vivent deux adolescents, David et Alexis, que tout sépare, la famille, le quartier où ils habitent, leur travail, Alex va au lycée tandis que David aide sa mère dans le magasin familial, et surtout leur mode de vie. Pourtant, ils se rencontrent en mer, s’aimeront bientôt, un amour fou qui ne durera que quelques semaines.

D’entrée, Ozon nous annonce la mort prochaine de David, Alexis étant traduit en justice. On pense alors au meurtre, d’autant qu’Alexis reste muet. Il expliquera les relations entre lui et son ami David au travers d’un roman, écrit à la demande de son prof de français. Alors me vient une idée : et si l’histoire que nous raconte Ozon n’était que le produit de l’imagination d’Alexis, se mettant lui-même en scène avec ses parents et son prof, les autres personnages n’étant que pure fiction du roman d’Alexis. D’autant plus que le prof d’Alexis le félicite pour ce qui ressemble, dit-il, à un roman.

J’aime bien les films à double lecture, la malice d’Ozon pouvant tout à fait disséminer quelques menus détails à ce sujet. Cela me rappelle le film « Burning » du sud-coréen Lee Chang-Dong présenté à Cannes en 2018, et qui m’avait donné à penser que tout n’était que la fiction d’un roman écrit par le héros du film.

Ceci dit, « Eté 85 » reste un film plaisant à tous points de vue, Benjamin Voisin (qu’on a vu dans l’excellent « un vrai Bonhomme ») et Valérie Bruni Tedeschi qu’on ne présente plus, formant un « couple mère/fils » de très haute tenue et parfaitement décalé socialement. Notons enfin les images magnifiques, tant pour le paysage qu’au niveau des portraits rapprochés des acteurs, du Directeur de la photographie Hichame Alaouie.

Alors certes, « Eté 85 » n’aurait pas été palmé, pas sûr non plus qu’il aurait fait partie du palmarès de Cannes 2020, quoiqu’avec certains jurys, il faut s’attendre à tout !

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