Philippe Garrel ne me déçoit jamais. Dans chacun de ses films, en Noir et Blanc, c’est ainsi que les plus grands photographes nous livrent leurs chefs d’œuvre, à l’aide d’une voix off pour mieux expliquer au public certaines données essentielles, après « l’ombre des femmes » et « l’amant d’un jour », il dissèque les relations humaines entre quelques personnages qu’il met en scène, des jeunes surtout, à l’aube de leur vie d’adultes.
Dans son dernier long métrage, « le Sel des larmes », le personnage central est Luc, la vingtaine, lequel vit avec son père, âgé, menuisier, dont le rêve aurait été d’intégrer la prestigieuse école Boulle, à Paris. Et quand son fils réussit ce que lui n’a pas obtenu, le père est aux anges.
Mais Luc recherche aussi l’amour féminin. Après Djamila rencontrée à Paris et qui se refusera à lui, il y aura Geneviève, amie d’enfance, puis Betsy qui lui tombe dans les bras à Paris. Amours fous, mais on sent qu’aucune de ces relations ne saura persister dans le temps. Et lorsque le père découvrira un ménage à trois, il ne s’en remettra pas.
Mais au final, c’est bien la relation père/fils qui est le point central du film, son fil conducteur, avec un père qui voudrait que son fils réussisse là où lui a échoué, et un fils qui veut vivre sa vie de jeune de vingt ans en s’affranchissant de la tutelle paternelle, mais qui n’est pas prêt à fonder une famille, ce qu’il dit d’ailleurs à Geneviève lorsque celle-ci lui annonce qu’elle est enceinte.
Un beau quatuor d’acteurs, Logann Antuofermo dans le rôle de Luc et qui pour un premier film s’en sort fort bien, le trio Oulaya Amamra au firmament dans « Divines », Louise Chevillotte en Geneviève qui enchaîne après « Synonymes » et « l’Amant d’un jour » déjà avec Philippe Garrel, et Souheila Yacoub, un peu moins connue, mais au niveau des trois autres.
Quant au père de Luc, André Wilms à la carrière cinématographique et théâtrale monumentale, il survole le film en proposant une interprétation tout en retenue, celle d’un père qui rêve du meilleur pour son fils, et qui découvre l’envers du décor : son visage qui prend le spectateur aux tripes exprime mieux que tout commentaire, ses sentiments profonds. Du grand art pour un acteur qui aurait mérité les plus grands honneurs de la profession.
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