« Elephant Man » ressort sur grand écran en version restaurée. Le chef d’œuvre de David Lynch, sorti en 1980 (déjà 40 ans !) conserve évidemment toute sa force, son extraordinaire empathie pour cet être humain difforme au-delà de l’imagination dans une dénonciation du sort des personnes différentes, rejetées par un pan de la société. Le champ des différences s’est aujourd’hui élargi au cours de ces 40 années, celles-ci n’étant pas toujours synonyme de handicap. Tourné en Noir & Blanc, ce film offre de magnifiques jeux d’ombres et de lumières. On notera évidemment la performance du maquillage (si je puis utiliser le mot) de l’acteur John Hurt.
Cependant, je ne puis passer sous silence une certaine idéologie propre à ce long métrage d’un peu plus de deux heures. Certes, David Lynch nous replonge au sein de l’époque de la reine Victoria, reconstituant la ville de Londres où la machine à vapeur s’est développée entraînant les ouvriers dans des travaux d’une dureté difficilement imaginable, où l’exploitation capitaliste est exposée dans toute sa cruauté. Cependant, ceux qui s’apitoient sur le sort de cet homme difforme, ce sont les gens éduqués, les « dominants » a-t-on tendance à dire aujourd’hui, en commençant par la famille royale. Quant à la classe ouvrière, les « dominés », elle ne sait que boire, faire la fête en dehors du travail, et payer pour venir se moquer de cet « Elephant Man ». Un tel manichéisme est gênant à la fin. On pourra toujours objecter que David Lynch dénonce le sort des ouvriers cantonnés à de rudes travaux et que la classe dominante laisse sans éducation, mais forcer le trait sans retenue ne me semble pas complètement judicieux.
En tout cas, un chef d’oeuvre cinématographique intemporel.
Après la pandémie et le confinement, je reprends mes commentaires, mais qui seront un peu moins fréquents dorénavant.
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