Quatre femmes en quête de liberté

Le Théâtre de la Tête Noire avait invité cette semaine, la Compagnie les Cambrioleurs (c’est son nom, joli pied de nez) et son spectacle qui parcourt l’hexagone depuis maintenant plus d’un an, « Désobéir », créé au CDN d’Aubervilliers, un des premiers CDN de France, peut-être bien le premier, né sous l’impulsion du regretté Jack Ralite, qui aurait été enchanté d’assister à un tel spectacle.

Sur scène, 4 jeunes femmes issues de familles revendiquant leur appartenance à la communauté musulmane (faut dire les choses ainsi). L’une en hidjab noir prend la parole la première, mêlant des moments souriants à d’autres de franche colère. Elle nous raconte le temps où, correspondant sur internet avec un musulman, elle s’est radicalisée avant de comprendre l’arnaque dont elle était victime. Exit le hidjab ! La seconde, venant d’Iran, dansant merveilleusement bien, raconte son parcours. Puis, une autre encore, aux formes plus que plantureuses (ici, on ne recrute pas sur les critères de minceur, et c’est très bien !), voulant tenir le rôle d’Agnès dans « l’Ecole des femmes » s’est fait remercier pour de sombres raisons, ce qui donne un moment théâtral plutôt rare, un spectateur tenant le rôle d’Arnolphe pendant que nos 4 actrices sont totalement déchaînées sur le plateau. Danse et chant agrémentent le spectacle d’une heure quinze, dans une mise en scène de Julie Berès.

Peu importe après tout si elles racontent leur propre histoire, ou si le texte recoupe différents témoignages de jeunes filles en proie au machisme de leur communauté. Elles ont désobéi. A la religion qu’on leur a imposée, aux parents, aux grands frères, à l’imam, et que sais-je… Elles ont conquis leur liberté en désobéissant, leur liberté d’être sur scène. Formidables actrices dans un spectacle plus que rôdé, où elles montrent toute l’étendue de leur talent. Peut-être ne deviendront-elles pas toutes comédiennes, mais leur tour de France des scènes de théâtre leur donnera à coup sûr les clés de leur liberté de femmes.