De l'humour pour parler de choses sérieuses

Manele Labidi est une jeune cinéaste franco-tunisienne. Son premier long métrage, « un Divan à Tunis », est sorti tout récemment sur les écrans français. Et le succès est au rendez-vous. Ayant assuré elle-même le scénario, elle s’entoure d’une pointure internationale afin de tenir le rôle principal, en l’occurrence la divine iranienne Golshifteh Farahani qui irradie littéralement le film.

Selma a quitté la Tunisie, son pays natal à l’âge de 10 ans pour la France, et revient la trentaine passée, diplômée en psychanalyse, pour créer son cabinet et recevoir les patients. Mais au pays qui vient de se débarrasser de Ben Ali, tout n’est pas triste, entre la police, la famille dont sa cousine plus jeune qu’elle, celles et ceux qui viennent la consulter pour des raisons plus que diverses, la bureaucratie du pays qui veut lui faire fermer son cabinet, une vieille voiture qu’on lui revend pour une neuve. Selma n’est pas préparée à de telles difficultés. Restera-t-elle dans ce pays qui l’a vue naître et où elle se sent revivre. D’autant qu’une femme de son âge, célibataire sans enfants, en Tunisie, ça interroge…

Manele Labidi traite son sujet avec un humour certain, multipliant les séquences loufoques, tant dans le cabinet, au ministère, au commissariat, ou sur la route, quand la voiture tombant en panne, les deux sœurs sont sauvées par un vieil homme arrivant dans une splendide automobile. Certes, il y a bien quelques moments un peu plus plats, on lui répète à loisir qu’il n’y a plus rien en Tunisie et qu’elle ferait mieux de repartir, mais elle s’entête à rester. Quant à son, célibat, survivra-t-il ?

Golshifteh Farahani porte le film à bouts de bras, mais il fallait bien une telle actrice pour tenir en tel rôle, et elle est impeccable à ce sujet. Ou comment par l’humour, on peut dresser le portrait d’un pays dont on ne sait s’il tente de se redresser ou s’il part à vau l’eau.