Un nouveau cinéaste nous arrive de Chine, Gu Xiaogang, 31 ans, qui nous présente sa région natale autour de son premier très long métrage, « Séjour dans les Monts Fuchun », d’une durée de deux heures et demie, mi-docu, mi-fiction, programmé cette année à Cannes lors de la Semaine de la Critique. Il en annonce deux autres pour plus tard, les trois formant une trilogie.
Son « Séjour » est d’abord un guide touristique dans cette région montagneuse située dans l’Est du pays, juste au sud de Shanghai. Tourné lors des quatre saisons, il nous offre de splendides vues de paysages, surtout à l’automne avec ces feuillages aux multiples couleurs, et l’hiver où la neige recouvre les arbres. Mais Gu Xiaogang ne manque pas de nous faire découvrir aussi la ville de Fuyang, en complète transformation, où on abat les vieilles habitations collectives pour construire à la place, des immeubles neufs et resplendissants, sans oublier le fameux métro qui va permettre de se déplacer de ville en ville très rapidement. Et c’est aussi un détour du côté des coutumes ancestrales chinoises, perpétrées au sein des familles dont on nous explique qu’elles sont le socle de la vie sociétale, qu’on doit respect envers les plus âgés. On n’y trouvera pas la moindre critique du régime, au contraire Gu Xiaogang met l’accent sur le positif comme la nouvelle politique de natalité offrant aux couples la possibilité d’avoir deux enfants. On notera juste la réflexion d’une femme enceinte qui déclare « s’être libéré de sa famille pour tomber sous la dépendance de l’entreprise où elle travaille ».
Pour que son film ne soit pas uniquement un guide touristique, il met en scène une famille, ni très pauvre (ce n’est pas « Parasite »), ni riche. Il y a la grand-mère dont on fête l’anniversaire au début du film, quatre fils dont l’un est sur la pente de la délinquance, un petit-fils handicapé mental, enfin une ado qui a hâte de se marier avec celui qu’elle aime. On les suit, parfois tant bien que mal, dans leurs coutumes, leurs bavardages, leur travail…
J’avoue avoir eu un peu de mal à tenir les paupières ouvertes sur la première moitié. Un voyage en Chine au cinéma, c’est toujours mieux que d’y aller, c’est moins cher, et l’empreinte carbone infiniment moindre. C’est beau, on apprend des tas de choses sur la vie des petites gens, mais globalement, on sort un peu déçu tant le cinéma chinois nous offre d’habitude des chefs d’œuvre, ce qu’il n’est malheureusement pas ! Certes, c’est largement au-dessus de ce que le cinéma français est capable de faire aujourd’hui. Oser 2 heures 30 dans une fresque balayant tout de cette contrée, des paysages à la vie sociétale, ne peut être que salué. Quant aux personnages, je citerai la grand-mère, dont j’ignore le nom, mais qui est le pivot du film, tant par le scénario que par son interprétation magistrale d’une vieille femme qui n’a plus longtemps à vivre, mais qui aime par-dessus tout ses enfants et petits enfants.
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