mercredi 15 janvier 2020

Déracinements familiaux

Lulu Wang est née en Chine en 1983. C’est à l’âge de 6 ans que ses parents déménagent et gagnent la Floride. C’est un peu l’histoire de Billi dans le long métrage que la réalisatrice  Lulu Wang nous présente en ce début d’année sur nos écrans, « l’Adieu », en anglais « The Farewell ».

Une vieille femme vit en Chine avec sa sœur un peu plus jeune, laquelle contacte ses deux neveux pour leur apprendre que leur mère est atteinte d’un cancer en phase terminale, ce qu’elle ne sait pas. Sauf que le fils aîné vit au Japon depuis de longues années, et que l’autre réside à New York depuis 25 ans. Tous vont prendre l’avion pour rendre une dernière visite à leur mère et grand-mère, et comme le veut la coutume chinoise, en lui cachant le résultat des analyses médicales. Et pour expliquer la présence de tous, on simule un faux mariage entre un petit fils et une jeune fille qui jouera le jeu à la perfection. Ni vu, ni connu, tous repartiront après un dernier Adieu.

Cette histoire assez loufoque sert en fait de couverture à Lulu Wang pour travailler sur les déracinements familiaux, ces hommes et ces femmes qui quittent leur pays en abandonnant leurs parents et amis, leur culture, leurs traditions, et pour se retrouver très loin dans un autre pays inconnu d’eux et dans lequel ils éprouveront mille difficultés pour s’insérer. Et que dire des secondes générations qui ne parlent pas ou peu leur langue maternelle, qui n’ont pas vu leur pays natal évoluer, et qui souhaitent retrouver leurs racines. C’est précisément le cas de Billi, la trentaine, la fille de ceux qui sont partis à New York, qui revient voir sa grand-mère qu’elle ne connaît qu’au téléphone.

Lulu Wang met face à face la grand-mère, aussi alerte qu’une jeune femme, et Billi, la trentaine donc, qui découvre tout, la ville où sa famille a vécu, les traditions, et bien sûr une grand-mère adorable, même en fin de vie. Billi voudrait bien rester, mais son retour à New York signe l’impossibilité pour cette seconde génération d’un nouveau départ sur la terre de ses ancêtres. C’est aux USA qu’elle a grandi, qu’elle est allée à l’école, dont elle a appris la langue, c’est là que se fera sa vie. Deux formidables actrices tiennent les deux rôles principaux dans un film où émergent une grande émotion ainsi que de magnifiques séquences de la vie en Chine au travers d’un mariage ou d’un recueillement sur une tombe. Sans être un parfait chef d’œuvre, sans doute par manque de profondeur, « l’Adieu » s’insère dans un cinéma asiatique de haute volée.

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