Le film de Pietro Marcello, « Martin Eden », est tiré d’un roman éponyme de Jack London, publié aux USA en 1909. Le réalisateur transpose l’histoire dans son propre pays et à une date non définie, mais dans les années 30, puisqu’il se termine avec le début de la seconde guerre mondiale, me semble-t-il. On pense reconnaître des chemises noires mussoliniennes maltraitent un vendeur de journaux sur une plage.
N’ayant pas lu le roman, je ne peux juger de la correspondance, même si les critiques disent que Marcello est resté fidèle à Jack London. En quelques mots, Martin Eden est marin depuis l’âge de 11 ans, bagarreur, mais très beau physiquement, ce qui attire les jeunes femmes sur les paquebots. Dans un port, il se retrouve invité dans une famille de la grande bourgeoisie et tombe amoureux de la fille, amour réciproque, mais très mal perçu par les parents. Il décide alors de se cultiver en autodidacte, lit énormément et devient écrivain à succès, dont ses romans semblent décrire la misère sociale. Il développe une philosophie toute personnelle, opposée au socialisme, mais basée sur l’individualisme et un libéralisme absolu, quoiqu’il ne soit pas aisé pour le spectateur de le suivre dans les méandres de sa pensée..
Marcello insère des images d’archives ça et là, montrant le héros se remémorant son enfance ou des moments plus dramatiques de sa vie. Quelques chansons à succès de cette époque aussi ! Mais avec une image légèrement granuleuse, Marcello et son Directeur de la photographie nous offrent une œuvre techniquement superbe retraçant ces années qui allèrent jeter le monde dans l’apocalypse. Martin Eden semble tirailler entre la lutte de classes et la misère qu’il côtoie, la bourgeoisie qu’il a découverte, et son refus du marxisme, de la solidarité de classe qu’il rejette, au profit d’un individualisme qui ne peut conduire qu’à une impasse. Sand doute le comprend-il in fine, mais trop tard.
Exceptionnelle composition de Luca Marinelli dans le rôle de Martin Eden, marquant une évolution très nette de son personnage entre le marin qu’il était et le conférencier/écrivain qu’il est devenu. Récompensé fort justement d’un Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2019 !
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