samedi 14 décembre 2019

Un chef d'oeuvre absolu de Terrence Mallick

Le dernier film de Terrence Mallick vient de sortir sur les écrans. Parler de chef d’œuvre cinématographique est presque réducteur, tant « Une vie cachée » recèle de force, de beauté pure, et de trouvailles filmiques. « Une vie cachée », c’est à la fois un documentaire sur la vie paysanne autrichienne au début des années 40, et plus ou moins, un biopic sur un homme, Franz de son prénom, qui refuse de prêter allégeance au Führer, même aux portes de la mort, dans la certitude de sa croyance en Dieu, de son refus de l’idée même du mal, enfin de celui de vivre à genoux.

Dans un petit village montagnard où le travail aux champs est dur, mais exaltant, Franz vit avec son épouse, sa propre mère âgée, ses trois filles et la sœur de sa femme. Leur vie est heureuse quand le malheur survient : l’occupation de l’Autriche par l’armée allemande, le Führer étant acclamé par la population locale, images d’archives en prologue du film. Franz devra prêter allégeance, ce qu’il refuse. Puis il devra partir, d’abord faire ses classes, enfin combattre, nous sommes en 1943. Refusant tout compromis, battu, torturé, il est jugé, condamné à mort et exécuté. Voilà pour l’histoire.

Mais le film de Terrence Mallick d’une durée de près de trois heures est éblouissant. Il y a les dialogues qu’il faudrait tous retenir, la place de la caméra comme dans la cellule où Franz est filmé du plafond ou les esquives dansantes de la caméra lors des tabassages, les paysages, l’interprétation d’August Diehl et de Valérie Pachner dans le rôle des deux époux, mais on pourrait citer tout le monde.

Mallick a choisi de présenter le film en langue anglaise, sous-titrée, ce qui peut surprendre. En fait, les nazis lorsqu’ils s’expriment, procèdent par hurlements en langue allemande, non traduite, idiome que Mallick a dû considérer comme langue pestiférée. Il fallait donc utiliser une autre langue, l’anglais fut son choix.

Des moments très forts dans le film, il y en a quantité. J’en garderai un seul, celui de la rencontre en tête à tête entre Franz et son juge qui va le condamner à mort, dans son bureau,  d’une intensité exceptionnelle.

Le film était en compétition officielle à Cannes. Il est reparti bredouille, de manière incompréhensible. Franz a été béatifié par l’Eglise en 2008, peut-être aussi pour effacer le silence, voire le soutien des prêtres et évêques autrichiens aux nazis. Et que dire de la population du village qui a rejeté cette famille parce que le père refusait de vivre à genoux.

Terrence Mallick est bien un des plus grands cinéastes de notre temps.

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