« It must be heaven » d’Elia Suleiman, est reparti de Cannes avec un Prix spécial du Jury. Et c’est fort bien !
Elia raconte son voyage, de Nazareth à New York en passant par Paris. Il observe de ses yeux, tantôt un regard étonné, tantôt un clignement d’yeux, le plus souvent un regard froid, comme absent, se demandant où est le paradis sur terre.
Elia observe ! il nous décrit des scènes sans lien les unes avec les autres, déclenchant des sourires, maniant le décalage, voire le surréalisme, se moquant des habitudes, ironisant sur les travers des uns des autres, tel ce supermarché à New York où tous les clients sont lourdement armés. Il en vient même à apprivoiser un moineau, lequel s’entêtant à tapoter sur le clavier de l’ordinateur d’Elia, ce dernier lui intime l’ordre de déguerpir. De la belle œuvre !
Paris, c’est le défilé des mannequins dans la rue, Elia abasourdi par les chapeaux, les visages, les vêtements, les jambes et les chaussures de ces dames. C’est aussi le 14 juillet avec les chars qui défilent, les avions, la Garde Républicaine à cheval. Difficile de tout citer ! Et que dire de ce chauffeur de taxi à New York, exalté quand il apprend qu’il véhicule un Palestinien, pour lui, c’est presque Jésus de Nazareth. Quant à l’ange poursuivi par des policiers US comme on attrape un papillon, faut-il y voir une allégorie, celle du Palestinien poursuivi par on sait qui, mais jamais pris ? Allez savoir…
Chez Elia Suleiman, il y a incontestablement du Tati, cet humour décalé, qui sans en avoir l’air, dit beaucoup de choses. Car le cinéma de Suleiman est un cinéma pur, débarrassé de tout décorum, de tout dialogue ou presque, de tout élément superflu. Mais il n’oublie jamais sa Palestine natale, dont un tireur de cartes prédit que ce pays existera un jour, mais sans doute pas du vivant d’Elia Suleiman.
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