Nos amis belges possèdent un réservoir inépuisable en Compagnies théâtrales, semblerait-il ! Le CDN d’Orléans a récemment programmé « Sylvia », spectacle créé par la Compagnie Artara basée à Bruxelles, dont j’ai dit le plus grand bien. On pourrait aussi citer la « NeedCompany » de Jan Lauwers, qui parcourt le monde et qui émerveille le public par toutes ses compositions. Sans oublier Milo Rau qui officie au théâtre de Gand. Heureuse Belgique !
Cette semaine, le CDN d’Orléans nous proposait le dernier spectacle créé par « Peeping Tom », compagnie elle aussi basée dans la capitale belge. Le titre : « Kind ». Peeping Tom est née en 2000, fondée par deux danseurs/chorégraphes, Gabriela Carrizo née en Argentine, et le français Franck Chartier, passé par les Compagnies de Béjart et Preljocaj.
Le rideau s’ouvre sur un décor hallucinant. A gauche, une falaise par où on grimpe en fond de plateau, on peut aussi s’infiltrer à l’intérieur par les fissures. A droite, une forêt d’arbres gigantesques. Une petite fille, enfin une comédienne en mini jupe, on dira assez enveloppée, portant des couettes, arrive sur scène sur un petit vélo, et fait des tours. Le spectacle va nous parler assurément de l’enfance.
La suite est difficilement racontable. De multiples personnages apparaissent, repartent et reviennent. Qui sont-ils ? Un chasseur, un couple de campeurs avec une petite fille, une vraie cette fois-ci, et d’autres. On danse, on se contorsionne, on chante… On a même droit à un animal mythologique, une tête avec cornes sur deux jambes et talons hauts, une pure merveille, ainsi que des sortes de serpents géants qui viennent exécuter une chorégraphie serpentine. La parole est des plus succincte : quelques mots en anglais, sans plus.
Vient fatalement la question à résoudre : comment interpréter un tel spectacle ? L’enfance, certes, est au centre de la pièce, comme son titre l’indique « Kind » en néerlandais. Mais c’est aussi le monde pervers, cruel, la laideur des adultes, sous les yeux de l’enfant, qui sont dénoncés à travers la présence et les actes de l’homme au fusil. Côté face, il y a aussi la beauté du monde, celle de l’animal décrit plus haut, celle des différentes danses, des chants en mode lyrique sur une musique rock, celle des baisers qui s’éternisent, celle de la naissance métaphorée en un petit arbre aux racines interminables. Une avalanche de roches venue des hauteurs de la falaise semble sonner le glas de cette société en perdition.
C’était le troisième volet du triptyque « Vader, Moeder et Kind », soit « Père, Mère et Enfant ». La Compagnie s’en va poursuivre son tour de l’Europe de l’Ouest sous les chaleureux applaudissements d’un public friand de ces spectacles où le théâtre donne à penser le monde réel.
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