mercredi 4 décembre 2019

Guédiguian livre son pessimisme sur la famille, et sur le monde

Nouveau film de Robert Guédiguian, « Gloria Mundi », et bien sûr, nouveau coup de cœur pour son cinéma qui explore encore et toujours la famille du côté de Marseille.

Au centre, Sylvie, la mère de deux grandes filles adultes, 25/30 ans chacune, issues de deux géniteurs différents. L’un, Daniel, sort de prison, 20 ans ça compte, pour une histoire de meurtre, dont on ne saura pas grand-chose… L’autre, Richard, est chauffeur de bus dans la cité phocéenne, petit salaire, bientôt la retraite. C’est ce dernier qui vit avec Sylvie.

Deux filles donc, et deux compagnons. Deux couples dont l’un vient d’avoir une petite fille, Gloria, dont on assiste à l’accouchement dès la première image du film. Moment exceptionnel de la naissance dans un monde à l’issue incertaine. Daniel apprenant qu’il est grand-père, accourt en traversant la France. Guédiguian nous dépeint cette famille, ses hauts, et surtout ses bas, et ses bassesses. Le réalisateur n’ignore rien des luttes sociales, des rapports de force entre patrons et employés, de la misère rampante qui gagne les couches de la société.

Les personnages de Guédiguian sont ceux que la société actuelle fabrique, où les notions de solidarité, de fraternité sont de plus en plus absentes, où la recherche du fric passe avant toute autre chose, avec des cerveaux à peu près vides, capables de toutes les saloperies.

Et c’est Daniel qui vient de sortir de prison, qui écrit des poèmes, qui n’a pas connu les années pendant lesquelles la solidarité a fait place à l’argent-roi, qui semble le plus avoir les pieds sur terre. Lui ne se fait plus d’illusions dans cette société où il n’a plus sa place, dans une ville transformée, il rendra service à la famille en se sacrifiant.

Une belle brochette d’acteurs/actrices fait de ce mélodrame, une œuvre puissante, actuelle, révélatrice des tares de la société. On notera la présence de Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, et les éternels complices du réalisateur, Gérard Meylan et bien sûr, Ariane Ascaride qui reviendra de Venise avec le Prix d’interprétation féminine.

On a ici, une photographie parfaite de cette France, pas celle des quartiers décrits par Ladj Ly dans « les Misérables », mais celle de ces petits boulots qui sont apparus récemment, ces patrons sans foi ni loi, et ces couples qui peuvent exploser au moindre incident parce qu’ils se sont construits en dehors de toute valeur humaine, culturelle, sociale.

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