En ce début novembre, le Théâtre de la Tête Noire de Saran a offert à son fidèle public, un petit bijou, basé sur un échange de lettres entre des lycéens en classe de seconde et des auteurs français, « Lettres jamais écrites ».
Les premiers furent invités à imaginer une lettre impossible, tantôt à ses parents, son grand-père mort, son fils pas encore né, à la jeune fille timide qu’elle a elle-même été deux ans auparavant, à son futur moi, à celui qui a brisé son égo, à son existence (rien que ça !), à celui qui a façonné sa personnalité, ou plus simplement à celui qui voudra bien lui répondre.
Quant aux auteurs, parmi lesquels on relève Pauline Bureau, Marie Desplechin, Delphine de Vigan, Fabrice Melquiot, Catherine Verlaguet, et d’autres, la liste ici n’est pas exhaustive, ils se sont prêtés au jeu en imaginant des scénarios parfois totalement loufoques, mais toujours empreints de beaucoup de respect envers les adolescents, faisant ressortir un amour filial entre parents en enfants, provoquant une émotion certaine parmi le public. Car beaucoup se sont retrouvés dans leur vie d’ados autrefois, ou dans leur vie de parents aujourd’hui, au travers des interrogations ou des certitudes passées ou présentes.
Estelle Savasta qui dirige La Compagnie « Hippolyte a mal au cœur », travaille souvent avec des lycéens sur des projets d’écriture. Elle a par le passé collaborer avec quatre migrants mineurs débouchant sur un spectacle écrit en français et en langue des signes. Plus récemment, elle a rencontré des lycéens à Cavaillon, Lille ou Dieppe, travail d’écriture sur un projet théâtral. « Lettres jamais écrites », spectacle présenté à Saran, créé en janvier 2017 et passé par Chaillot en mars de cette année, est donc le fruit d’un projet avec des lycéens de Cavaillon et d’une collaboration d’auteurs français. Estelle Savasta en a assuré la mise en scène.
Ce soir à Saran, ce sont Olivier Constant et Valérie Puech que l’on retrouve sur un espace scénique, disposé en quadri-frontal, chose rare, mais établissant une relation si proche avec le public. Duo d’acteurs émouvants, ils font vivre ces lettres, partageant avec le public, une écriture d’une très grande richesse littéraire, et par leur jeu théâtral, une puissante relation entre l’auteur et l’adolescent. S’il fallait ne retenir qu’un couple de lettres, on citera celle écrite à « la jeune fille timide que j’ai été », et surtout la réponse de la jeune fille timide dont la communication téléphonique est perturbée par une interférence. Un petit bijou, ai-je dit !
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