Nouveau film-documentaire de Costa-Gavras, cette fois-ci sur la période qui a suivi la victoire électorale des la Gauche radicale en Grèce, « Conversations entre adultes ». Je vous fais grâce du titre international, en anglais évidemment. Vous le lirez sur l’affiche.
Le film est tiré du livre de Yanis Varoufakis, éphémère Ministre des Finances du gouvernement grec d’Alexis Tsipras, durant environ 6 mois, pendant lesquels il bataille contre l’Europe financière et ses Ministres des Finances, lesquels veulent appliquer à la Grèce, un traitement totalement dément afin que ce pays rembourse une dette phénoménale, contractée sous les précédents gouvernements de Droite. C’est ce livre où Varoufakis dévoile les débats confidentiels de l’Eurogroupe, dont on apprend qu’il n’a aucune existence légale, mais qu’il décide des politiques financières des Etats, quel que soit le résultat des élections dans les différents pays, qui est en fait le scénario du film.
Costa-Gavras a réuni une pléiade d’acteurs, dont beaucoup ressemblent physiquement aux personnages réels, côté français avec : Michel Sapin, Ministre des Finances qui dit une chose en privé et le contraire en public, et d’une insigne faiblesse en réunion de l’Eurogroupe ; Pierre Moscovici qui essaie d’enfumer Varoufakis en lui proposant un texte de compromis qui n’est pas le bon, et de manière fugitive, Emmanuel Macron alors Ministre de l’économie. Quant à Christine Lagarde, alors Directrice du FMI, elle joue un rôle de tampon, cherchant un compromis impossible à trouver.
On découvre des Ministres des Finances, véritables rapaces, n’ayant qu’un seul objectif, rendre la Grèce exsangue, et ne voulant céder sur rien. On est loin de l’idée communément répandue que ces gens-là, au fond, ne sauraient faire de mal à personne, tant ils apparaissent en public comme de « gentils grands-pères ». Varoufakis rétablit la vérité !
Côté cinématographique, voilà un film en tous points remarquable, tant pour le jeu des acteurs, que pour la photographie due à Yorgos Arvanitis. In fine, quand tout semble joué contre la Grèce, Costa-Gavras présente deux magnifiques allégories. La première, quand Varoufakis déjeune au restaurant, il voit arriver la foule, le peuple qui l’a porté au Pouvoir : ces gens le regardent fixement, ne disent mot, puis se détournent et s’en vont. Varoufakis comprend que ses électeurs se détournent de lui. La seconde, quand Alexis Tsipras, fort du résultat du référendum qu’il a organisé, se rendant à Bruxelles, rencontre les chefs d’état et premiers ministres, qui lui imposent une danse, sorte de filet de pêche duquel Tsipras tente de passer à travers les mailles, mais il ne s’échappera pas.
Après « Z, l’Aveu, Etat de siège, Amen, et d'autres... », ce dernier long métrage du réalisateur engagé est un chef d’œuvre. Enfin, pour celles et ceux qui ont de l’empathie pour le peuple grec, et qui espéraient tant de ce gouvernement de la gauche radicale. A noter aussi la belle musique d’Alexandre Desplat.
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